Trop froid, trop chaud, nuit affreuse. Adonis venait de passer la pire nuit qu'il eut jamais passé sur Terra Nova et de tout les temps. Vraiment, ce froid qui le prenait, glaçant jusqu'à son plus petit os, et après s'être couvert, cette chaleur, faisant perler un visage aux imperfections inexistantes, ce prenant un peu pour le plus bel homme de la Terre (tous les espaces temps confondus, hein), il ne comprenait même pas qu'il puisse ressentir le chaud et le froid, pour lui, un Dieu, créateur des éléments ne devaient pas ressentir quoique ce fut par rapport à ces derniers, il n'arrivait pas non plus à les maitriser. Dommage, se prendre pour Avatar, le dernier maitre des éléments aurait eu quelque chose de plus séduisant encore que de vendre des armes et de la bouffe. Vous vous imaginez vous, le pognon que ça peut faire se donner en spectacle, s'offrir aux chiens galeux composant en grande majorité un public à la noix ?

On aurait même pu le contacter pour empêcher des catastrophes ou pour en provoquer... Y'aurait fallu négocier avec le plus offrant, ça aurait pu être très sympathique, mais malheureusement, il n'était ni Avatar ni même magicien, il n'était que lui, demi souffrance demi bonheur. Il n'était pas le plus fort ici, il se pliait aux règles comme tout le monde et il avait hâte que ce marasme soit stoppé, il avait hâte d'aller poser ses fesses sous un dôme et de continuer son petit commerce, car sa petite entreprise ne connaissait pas la crise et il emmerdait royalement Bashung pour le plagiat dont il venait de se rendre coupable en pensant exactement au titre d'une chanson assoiffée de conneries. Il s'était levé et avait pris une douche, la sueur de la nuit infestant son corps, il ne supportait pas et il avait du se laver à la hâte. Ici, il n'était qu'un cerveau surentrainé parmi d'autres, ici, c'était marche ou crève. Il ne se pliait pas à toutes les règles et n'avait pas oublié d'apporter quelques denrées pouvant faire la différence. Armes, munitions, nourriture et même un peu de coke pour les plus tentés. Il savait qu'on négociait avec un estomac, un instinct de survie, on ne négociait pas vraiment avec le cerveau.

Lui même ne se droguait pas, il ne touchait aux armes que par pure défense et non par envie d'écraser le plus fort, et surtout, il ne mangeait que très peu, il n'aimait pas l'idée d'être complètement défoncé du bide, il évitait de faire ses besoins dans la nature, trop raffiné pour ça, vous comprenez... Ce matin, c'était à son tour de faire une patrouille, il avait rapidement choppé son Sonic Riffle et il était sorti du campement. Il marchait depuis une ou deux heures déjà, putain, il ne supportait même pas la jungle. Il haïssait la nature, cette impression d'être un nain complet, cette impression de ne pas être le maitre à bord. Alors qu'il marchait avec rapidité, il aperçut quelque chose de brillant, un truc qui scintillait. Du métal, ici ? Il se mit immédiatement en position de tir, arme pointée vers l'avant, marchant bien plus doucement que prévu. Il s'approcha. Une voiture, une bagnole, ici ? Que faisait une putain de bagnole dans le coin ? Des gardes, il devait y avoir des gardes, le campement à deux pas, trop risqué de faire quelque chose... Mais d'un autre côté, de la bouffe, il pourrait apporter de la bouffe au campement, même des torches ou des plans. Et si ils planquaient des cartes là dedans ? Quoi faire, vite quoi faire ? Il n'en savait rien, il fixait les alentours, ça semblait désert, ça semblait mort.
Il s'approcha encore un peu, il flippait sérieusement là. Il vérifia que le chargeur était bien enclenché, tout était bon. Dix pas mec, dix pas. Agis, dégage et ferme ta gueule. Ne réfléchis pas, fonce. Et c'est ce qu'il fit, il se jeta dans la pseudo gueule du serpent.