Dean était adossé contre le véhicule blindé que le département paléontologie avait réservé pour l'après-midi. Il devait se charger d'escorter Grayson, un paléontologue réputé dans le milieu, jusqu'au lac où il devait mener ses recherches. Comme d'habitude le soldat était partagé entre plaisir et appréhension. A chaque fois qu'il avait eu l'occasion de travailler avec l'homme cela s'était révélé... intéressant. Oui, c'était le mot...

Le paléontologue n'appréciait pas d'être "babysitté", comme il le lui faisait régulièrement remarquer. D'un côté Dean comprenait parfaitement ce sentiment, il n'y avait rien d'agréable à se faire constamment surveiller dès que l'on mettait le pied en dehors de la colonie. Mais la prudence ainsi qu'une faune particulièrement dangereuse imposait cette précaution. Jusqu'à maintenant ils avaient eu de la chance et n'étaient jamais tombés sur un quelconque danger. Mais la chance était faite pour tourner, Dean le savait. Tout ce qu'il espérait c'était que cette fois encore tout se passerait bien.

Le soldat appréciait le paléontologue et il avait comme dans l'idée que c'était réciproque. Mais il existait un monde entre la recherche scientifique et le domaine militaire, souvent séparés par de l'incompréhension mutuelle. Et même si la plupart du temps leurs échanges se limitaient à des banalités et une courtoisie sommaire, il n'en restait pas moins qu'un lien s'était tissé entre les deux hommes. Et plus le temps passait, plus il semblait se renforcer. Peut-être qu'un jour ils iraient boire un verre ensemble au bar. Peut-être...

Alors qu'il était en train d'étudier le trajet à suivre pour rejoindre le plus rapidement sûrement possible le lac où Gray devait mener ses recherches, son attention fut attirée par l'arrivée du paléontologue. Il se fendit d'un sourire en observant l'homme arriver et se fendit même d'un léger signe de la main pour le saluer:

- "Bien le bonjour Grayson! Alors, prêt pour une folle après-midi de franche rigolade?" lui lança t'il, un brin ironique

Après s'être assuré qu'il allait bien, Dean l'invita à prendre place côté passager et fit le tour du véhicule pour s'installer au volant. Après avoir vérifié son arme et son propre matériel, il se tourna vers Gray:

- "Bon, comme d'habitude les mesures de sécurité restent les mêmes.. Vous restez à portée de voix et ne vous éloignez jamais plus que nécessaire, d'accord?" dit-il

Ce n'était pas la première fois que Gray faisait des recherches en dehors du camp et il était très prudent. De plus, sa connaissance des espèces du crétacée était un plus pour savoir comment gérer un éventuel carnivore qui aurait décidé de les prendre comme déjeuner. Malgré tout il se devait de lui rappeler les quelques principes de sécurité, comme le protocole le voulait. Cela fait, il tira un pistolet de la caisse de survie du véhicule et le tendit au docteur en paléontologie:

- "Juste au cas où..." lui dit-il

Puis il mit le contact et avança la voiture blindée vers la herse qui se leva à son approche. Le champ libre il mit les gaz et ils prirent la direction du lac aussi vite que le terrain le permettait, un gage de sécurité quand on savait la vitesse que certains dinosaures pouvaient atteindre.

- "Alors docteur? Qu'allez-vous étudier aujourd'hui? Des poissons? Une espèce de sangsue? Des trucs dans le genre?"

La paléontologie restait pour Dean un domaine particulièrement étrange, bien qu'il en reconnaissait l'utilité. Son truc à lui, c'était les fusils et l'action, pas les microscopes et les recherches. Avec un sourire il songea qu'ils faisaient une paire particulièrement étrange tandis qu'ils progressaient travers la jungle chaude et humide.

Dans le domaine de la paléontologie les chercheurs n'ont toujours eu l'occasion que de travailler sur des fossiles, des hypothèses, bref, sur de la poussière en tentant d'imaginer au mieux à quoi cela pouvait ressembler. De ce fait il est facilement compréhensible que tous soient si intéressé par Terra Nova, c'était un peu un rêve qui devenait réalité de pouvoir enfin voir de ses propres yeux la beauté de ce monde perdu, la chance de voir la vérité derrière la théorie mais aussi de travailler sur des sujets vivant et non vieux de 85 millions d'années. Même Gray, qui bien que terriblement secoué par la mort de son frère, ne pouvait échapper à cet émerveillement de ce monde verdoyant et plein de vie. Même après plusieurs mois il ne s'était pas lassé de ce nouveau monde, il y avait tant de chose à découvrir et plus il en apprenait moins il avait l'impression d'en savoir, c'était un monde en renouvellement continu et infini.
De ce fait, dans cette quête de connaissance perpétuel dont le but était à la fois d'aider Terra Nova à se développer mais aussi d'assouvir son insatiable curiosité, il fut mené à mener quelques recherches aux bords du lac qui se trouvait non loin de Terra Nova. Cette étendue d'eau ne présentait pas grand danger, du moins pour ce qui se trouvait sous la surface, peu de prédateurs aquatique et surtout des sangsues. Enfin, pas grand danger, ceci était relatif, les sangsues de cette époque était bien plus agressives que celles du futur, si vous n'y faisiez pas suffisamment attention vous pouviez finir par vous évanouir ou mourir car ces charmantes petites bêtes vous auraient sucées jusqu'à la dernière goutte de votre sang. Enfin, tout ceci annonçait une journée des plus intéressante, mais venait toujours et encore ce même problème, Grayson n'était pas autorisé à se déplacer seul hors du camp pour des raisons de sécurité. Rien qu'à cette pensé une grimace se dessinait sur son visage, il n'aimait vraiment pas qu'on le surveille en permanence et surtout quand il s'agissait de militaire. Il aurait préféré avoir plus de liberté, après tout les dinosaures c'était son domaine, il savait la marche à suivre pour augmenter son taux de survie, mais il est vrai que face aux Sixers il était démunit, ne pouvant anticiper leurs tactiques. De ce fait il se faisait simplement une raison, se contentant de ronchonner et se montrer désagréable avec ses accompagnateurs.

Grayson avait donc préparer ses affaires pour cette petite expédition, tout parfaitement rangé dans un sac en bandoulière qui semblait bien rempli. Il marchait donc en direction de l'endroit où son taxi attendait pour donner une bonne image, ne regardant pas vraiment devant lui, bien plus occupé à vérifier une dernière fois son matériel avant le départ. Aujourd'hui c'était Anderson qui devait lui servir de protecteur. En apprenant cela quelques jours auparavant il relativisa, il aurait pu avoir bien pire, un inconnu ou un bleu, lui au moins il le connaissait, il l'accompagnait régulièrement et, même si c'était dur pour le jeune homme de le reconnaître, il l'appréciait bien. De ce fait, le voyant adosser contre le véhicule, le sourire au visage et lui faisant un signe de main, Gray lui répondit lui aussi par un signe de main, lançant ensuite un regard à sa main, comme surpris d'avoir eu ce geste.

-Je note la tentative d'humour. Mais trêve de bavardage. On se rend là bas, je fais mes relevés, on rentre, point.

Le jeune docteur ne semblait pas vraiment vouloir faire d'effort, se montrant nonchalant et grimpant dans le véhicule sans même lancer un regard à son partenaire du jour. Il était au contraire plongé dans un petit carnet dont on aurait pu croire qu'il allait exploser à tout moment, tournant avidement chaque page comme à la recherche d'une note précise, pendant que Dean s'installait au volant. Il fut coupé dans ses recherches quand le soldat lui rappela ce qu'il savait que trop bien.

-Des règles contraignantes. Tentant de ne pas les suivre. Mais d'accord. Ce n'est pas la première fois, vous savez à quoi vous attendre avec moi. Je ne suis pas suicidaire.

Même si il trouvait cela énervant il savait qu'il devait se plier à ces règles de sécurité, tout comme il savait que Anderson se devait de les rappeler à chaque fois, aussi agaçant cela était. Et puis il n'avait pas envie d'être la cause d'ennui pour ce dernier, ce n'était pas juste vis à vis de lui, il préférait faire la misère à quelqu'un qu'il n'aimerait vraiment pas. Cependant il fut surpris par l'action suivante du soldat, sortant une arme et la lui donnant.

-Euuh m...merci.

C'était la première fois qu'on lui passait une arme pour l'une de ces sorties. La réglementation avait-elle changée ou était-ce l'initiative de son protecteur ? Quoi qu'il en soit c'était bon à prendre, c'était toujours ça de plus pour assurer sa survie, surtout qu'il savait comment s'en servir, l'année 2149 étant plus dangereuse encore que toute la faune préhistorique réunis. Il le rangea donc et ils quittèrent le camp.

Le véhicule progressait à tout allure, secouant ses passagers à chaque fois que le relief faisait quitter les roues du sol. Pourtant malgré ces secousses Anderson et Gray semblaient tout à fait stoïques. Le militaire entreprit alors de faire la conversation, Gray lui répondant bien que perdu dans le paysage qu'il pouvait voir à travers les plaques blindées.

-Poissons, sangsues, relevés aquatique. Tout mérite d'être analysé, je n'y suis jamais allé. Normalement je ne devrais seulement rapporter des sangsues, recherche médicale, les scientifiques veulent voir si on peut les utiliser. Mais comme on a la journée j'ai eu autorisation de faire mes propres recherches. Je pourrais même me baigner si l'envie me disait, mais je n'y compte pas, surtout ce lac.

Ils ne tardèrent pas à arriver, le véhicule s'arrêtant non loin du bord et les deux hommes sortant et s'installant. Pendant que Anderson s'occupait de ... et bien de ce qu'il savait faire, Gray ne s'y intéressant pas vraiment, il commença à s'approcher du bord de l'eau, prêt à commencer ses relevés. Il déposa d'abord un petit appareil en forme de croissant dans l'eau qui commença à avancer et à plongé de manière autonome pendant que le paléontologue commença à attraper quelques sangsue qu'il stocka dans un bocal. Une fois le bocal rempli et rangé il sortit son PDA dont l'écran afficha les images captées par les sondes et autres relevé.

-Intéressant. Je pourrais analyser tout ça dans mon labo. Ne pas oublier de récupérer la sonde. Chance qu'elle se fasse avaler avant ? Infime. Sans compter les systèmes de sécurité contre ce genre d'incident.

Et ce fut ainsi pendant de longues heures, Grayson rivé sur l'écran de son PDA et partant dans des monologues techniques. Il avait lancé de discrets regards vers le soldat Anderson de temps à autres, curieux de savoir ce qu'il faisait pour s'occuper, mais il avait fait en sorte que ça se remarque pas, il l'espérait du moins, car cela voudrait dire qu'il lui accordait de l'intérêt. Le soleil n'allait pas tarder à décliner, le départ était imminent et le jeune homme rangea donc son matériel dans son sac posé au sol. Puis, comme si il sentait le besoin de rappeler son existence, c'est Harvey qui refit son apparition, affublé d'une tenue de plongé comme si il était prêt à piquer une tête.

*Oh John, cela ne donne-t-il pas envie de se baigner ? Une étendu d'eau sauvage et qui ne nous fera pas fondre, c'est comme une légende qui devient réalité !*
-Vu les sangsues non, ce n'est pas trop mon envie.
*Haha, je m'en doutais. Mais toi qui est pourtant si alerte sur chaque détail qui t'entoures, je suis étonné que tu n'ais rien sentit.*
-Sentit quoi ?
*Tend donc un peu l'oreille. Ce craquement, cette sensation de lourds pas qui frappent le sol. Allons John, soit plus réceptif !*

Un frisson traversa tout le corps de Grayson, il venait de comprendre le message que Harvey voulait lui faire passer et il avait peur que cela s'avère vrai. Il se redressa lentement, laissant son sac au sol avant de se tourner vers la jungle. Ce bruit, cette sensation, cela devenait de plus en plus fort, c'était en approche, mais le pire fut quand le rugissement se fit entendre et que le jeune scientifique reconnu immédiatement.

-Carno en approche !!! cria-t-il tout en sortant son pistolet.

Dean balayait du regard les environs, à une fréquence régulière, afin de s'assurer qu'aucun danger ne sa tapissait dans la flore. Les rives du lac étaient dégagées ce qui avait au moins l’avantage d’offrir une vue dégagée sur les alentours immédiats, facilitant l’observation. Le soldat avait en horreur ce genre de journées qui se résumaient trop souvent à une attente interminable pendant que Grayson s’amusait avec ses poissons et autres sangsues. Si le temps semblait s’écouler parfaitement pour le paléontologue en pleine recherche, Dean de son côté jetait régulièrement des regards à sa montre, regrettant le lenteur avec laquelle les minutes s’égrenaient.

Quand il ne jetait pas des regards vigilants à la jungle environnante Dean observait Grayson qui semblait aussi heureux qu’un enfant ayant reçu le dernier jeu vidéo alors qu’il prenait connaissance des données que lui renvoyait sa sonde. Le soldat avait de la peine à comprendre ce que des sangsues géantes pouvaient procurer comme plaisir mais il ne poussa pas plus loin sa réflexion, conscient que de toute façon il ne trouverait pas de réponses. La version 2149 des sangsues n’était déjà pas des plus plaisante, alors celles de Terra Nova…

La jungle les gratifia des habituels hurlements de dinosaures ainsi que de sa gamme d’odeurs. Heureusement la proximité de l’eau fraîche atténuait un peu la sensation étouffante que le climat procurait ce qui était des plus agréables en vue du temps que les deux hommes passeraient sur place. Dean pensait régulièrement à la bière fraîche qu’il boirait au bar le soir même, peut-être en compagnie de Skyler, ce qui lui remit un peu de baume au cœur.

- "Intéressant. Je pourrais analyser tout ça dans mon labo. Ne pas oublier de récupérer la sonde. Chance qu'elle se fasse avaler avant? Infime. Sans compter les systèmes de sécurité contre ce genre d'incident." lança le paléontologue lors de l’un de ses nombreux monologues.

- "Vous m’en direz tant… " répliqua Dean, un brin amusé

Il en fut ainsi de nombreuses heures durant, le jeune homme étant absorbé par ses recherches tandis que le soldat tentait de trouver des occupations. Il s’amusa à faire des ricochets pour passer le temps et peut-être un brin pour ennuyer Grayson, du moins le distraire un peu, bien qu’il savait que lorsqu’il était question de recherche il était dur d’attirer son attention. De temps à autre Dean faisait une petite patrouille pour s’assurer que le périmètre était sûr, écoutant attentivement les divers bruits pour tenter de discerner la présence d’éventuels prédateurs, mais la chance semblait bien être avec eux, du moins pour le moment…

Un instant Dean surprit une conversation entre Gray et… et personne… Il semblait répondre à des questions et le soldat fronça les sourcils en se demandant s’il n’était pas schizophrène finalement, ou quelque chose s’en approchant. Ce n’était pas la première fois qu’il avait l’occasion de voir le paléontologue parler tout seul et à force il y avait vraiment de quoi se poser la question. Mais il n’eut pas le temps de pousser plus loin sa réflexion, des bruits de pas sourds attirant rapidement son attention. Des bruits malheureusement bien trop caractéristiques qui ne laissaient aucun doute sur l’identité de la chose qui les produisait. Et s’ils avaient un doute, le rugissement qui suivit se chargea de le dissiper.

- "Carno en approche!!!" cria Gray

Dean se retint d’envoyer une remarque bien sentie au paléontologue pour lui rappeler que crier ne pouvait qu’attirer l’attention du carnosaure sur eux. Le mal étant fait, à défaut, il pointa son fusil sonique en direction de la provenance du bruit, réglant la puissance de l’arme au maximum, sachant malgré tout que ce ne serait pas suffisant.

Le soldat allait demander au paléontologue de monter dans la voiture pour tenter de s’échapper avant qu’il ne soit trop tard mais la tête du monstre apparut à travers les branches, à côté du véhicule. Dean jura, maudissant leur manque de chance. Rejoindre le véhicule semblait exclu.

- "Gray, dans le lac, vite!!!" cria-t’il

Le lac semblait la seule option pour les garder en vie, le carnivore n’étant de loin pas un bon nageur. Sans véhicule il serait suicidaire de tenter de de s’échapper à pied et leur seule chance se résumait à se mettre à l’abris dans l’eau et revenir plus tard lorsque le carno se serait lassé et décidé d’aller trouver à manger ailleurs.

Le dinosaure s’avança dans leur direction, écrasant au passage l’avant de la voiture d’une patte puissante. Les essieux craquèrent puis cédèrent sous le poids de l’animal, mettant définitivement leur moyen de transport hors service.

Dean visa ses jambes et envoya une décharge sonique qui fit trébucher l’animal qui rugit de colère, le retardant à peine. L’instant de surprise passé, il chargea Dean qui l’évita de justesse en plongeant sur le côté avant de courir en direction du lac aussi vite qu’il le pouvait. Il plongea sans hésiter dans l’eau et nagea aussi rapidement que son lourd équipement le lui permettait pour s’écarter du rivage.

Le carno fit quelques pas dans l’eau puis s’arrêta, sans doute peu désireux de prendre un bain. A défaut il retourna vers le véhicule et passa ses nerfs dessus, l’envoyant rouler d’un violent coup de tête. Après quelques mètres Dean s’arrêta et jeta un regard en direction de Gray pour s’assurer qu’il allait bien, ce qui semblait être le cas. Soulagé, il le rejoignit à la nage.

- "Sur l’autre rivage…" dit-il en désignant d’un signe de tête le côté opposé du lac avant d’en prendre la direction.

Il leur fallut une dizaine de minutes pour y parvenir ce qui en soit n’était pas si mal vu les circonstances. Le soldat espérait que Gray avait gardé son pistolet avec lui et ne l’avait pas perdu dans le feu de l’action. De son côté il tenait fermement la sangle de son fusil, désormais leur seul moyen de défense. Ils étaient bon pour rentrer à pied à part si son communicateur marchait encore, ce qui était loin d’être évident. Ces petits appareils n’appréciaient que peu l’eau mais l’espoir était permis.

En chemin Dean sentit une légère douleur dans le dos ce qui lui ramena en mémoire la présence des sangsues dans le lac. Avec le carno il les avait oubliées mais à présent elles se rappelaient à lui d’une façon fort peu agréable. Jurant une nouvelle fois le soldat redoubla d’effort pour atteindre la rive opposée.

Quelques instants plus tard il avait de nouveau fond et il s’extirpa aussi vite que possible de l’eau, avant de s’asseoir sur le sol, à bout de force malgré sa bonne condition physique. Gray vint le rejoindre quelques instants plus tard et après un petit temps de récupération Dean essaya de contacter la base mais il se résigna bien vite, son communicateur ayant rendu l’âme. Il se passa les mains sur le visage, dépité. Bon, au moins son fusil semblait en état de marche…

Puis, se rappelant de la présence des sangsues il retira le haut de ses vêtements et tâta son dos, découvrant avec dégoût une masse molle. Décidément il détestait les sangsues pour avoir vu plusieurs de ses camarades en subir les effets, mais c’était la première fois qu’il était leur cible.

- "Si vous pouviez me retirer cette chose je vous en serais fort reconnaissant" dit-il à l’attention de Gray.

La logique aurait voulu qu’il commence par Gray puisqu’il était sensé être son protecteur, mais il ne savait pas vraiment comment s’y prendre avec la version préhistorique. Sans doute comme avec celles de 2149 mais dans le doute mieux valait d’abord que le paléontologue s’y colle avant afin que Dean puisse ensuite retirer correctement celles de son camarade qui devait certainement en avoir lui-aussi.

Journée de merde…

[HRP : La fin est un peu (beaucoup) nul (Tout comme le milieu et le début). Si quelque chose ne va pas ou que je te relance pas assez tu me dis et je change ça.]

Un carnotaure, oui un carnotaure venait tout juste de surgir de la jungle et s'apprêtait à les charger. Et bien sûr il devait surgir pile au moment où le départ sonnait, foutu loi de Murphy ! Grayson pointait le lézard géant de son pistolet mais n'osait tirer, se contentant de reculer à petit pas et d'observer les gestes du dinosaures. Il aurait été inutile de tirer bêtement, vu le calibre de son arme il n'aurait réussi qu'à l'énerver et aurait fini dévoré avant d'être parvenu à l'abattre. Mais la n'était pas le pire, le carno venait d'annihiler tout espoir pour les deux homme de fuir et rentrer à l'aide du véhicule. Finalement le soldat Anderson ordonna à Dean d'aller dans le lac. Le jeune scientifique ne perdit pas de temps à réfléchir et entra dans l'eau après avoir ranger son arme dans son holster avant de prendre le large. Au bien sûr le lac était rempli de sangsue et Gray en avait bien conscience, mais tant qu'à faire il les préférait elles à ce carnassier qui était sur la berge. Il observait le militaire, se mordant les lèvres de peur qu'il lui arrive quelque chose. Finalement il fut soulagé de le voir foncer à l'eau, sain et sauf. Fort heureusement, la carnivore ne semblait pas trop emballé par l'envie de faire trempette et préféra s'énerver sur ce pauvre véhicule qui n'avait pourtant rien demandé. Il regarda son garde du corps, un air blasé de ses performances quand à lui éviter les ennuies maintenant que la partie inquiétude était passé, et commença à nager vers l'autre rive quand celui ci le lui dit.

La traversée pris un certain temps, Grayson s'avéra être un plutôt bon nageur malgré le fait qu'il n'avait que très rarement nagé durant le 22eme siècle, cette époque n'étant pas vraiment propice à la baignade ou aux sorties piscine. Cependant ce fut véritablement fatiguant, non seulement ce n'était pas une chose dont il avait l'habitude mais en plus cela avait duré un certain temps sans compter qu'il avait nagé avec tout ses vêtements, ce qui n'était pas forcement des plus pratique. De ce fait, à peine fut-il de nouveau sur terre qu'il se laissa tomber, assit et s'appuyant en arrière avec ses bras, reprenant son souffle.

*C'est revigorant, tu ne trouves pas John ? Une bonne petite baignade !*

C'était encore une intervention de Harvey, debout à côté de lui et dans cette même tenue de plongée mais trempée cette fois. Grayson ne répondit rien, il préférait l'ignorer, continuant d'observer le carnotaure au loin qui semblait si petit d'ici.

*Cependant on ne peut pas dire que les sangsues étaient des plus agréables. Enfin, de ce côté là je suis chanceux, pas comme toi et ton collègue, regarde donc un peu vers lui.*

Même si il se refusait toujours à lui répondre pour l'instant, il suivit son conseil et regarda en direction de Anderson. Il crut bien défaillir à ce moment, le voyant ainsi torse nu était déstabilisant pour le pauvre paléontologue pris par surprise. Son air blasé passa au choc et il rougit légèrement. Grayson n'éprouvait rien pour lui, du moins il n'avait pas d'attirance pour se militaire, cependant cette vue ne le laissait pas vraiment insensible. Mais par chance ces sangsues, ces géniales sangsues cassaient cette image irrésistible tant elles étaient peu ragoûtantes. Le jeune homme poussa un léger soupir de soulagement et commença à se lever pour aider le soldat à s'en défaire.

-Ce n'est pas cette mais ces choses. Vous en avez malheureusement plusieurs très cher.

Il se mit à genoux derrière le militaire et sortit son couteau de chasse qu'il avait appris à emmener partout avec lui, habitude qui venait de bien avant Terra Nova. Il glissa lentement la lame sous la bouche de la créature et fit levier, la décrochant peu à peu avant de la retirer et de l'envoyer au loin. Celle ci en moins il s'attaqua à une deuxième et commença à répéter le même processus. Cependant, à l'instant même où il retira la sangsue un déclic se fit dans son esprit et il poussa un :

-Merde !

Sur le coup on aurait pu croire qu'il avait fait une erreur lors de l'extraction de la créature, mais il en était rien. Non, ce dont il venait de se rendre compte s'était que là bas, de l'autre côté de la rivière ou trônait la carcasse de leur moyen de transport, se trouvait son sac possédant toutes ses affaires, son PDA, son carnet, ses instruments de recherche, bref, des objets indispensables pour lui. Bien sûr il avait bien fait de pas les prendre, la plupart des choses qui s'y trouvaient n'auraient pas survécus au voyage dans le lac, mais il ne pouvait les laisser là bas, c'était inenvisageable.

-Mon sac ! Mes affaires ! Tout est là bas ! Je ... Je ... Je ne peux pas rentrer sans. Non ... non ... non. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas envisageable. Il faut que je reprenne mon sac. Je ne peux pas rentrer sans mon sac. Non. Il faut le récupérer avant de rentrer ! ... Mais chaque chose en son temps, d'abord se débarrasser des sangsues ...

Grayson était vraiment contrarié, ce n'était pas une bonne journée, il aurait tellement préféré rentrer plus tôt ou que le carno soit arrivé plus tard. Mais ne pouvant faire changer les choses il continua à retirer les dernières sangsues sur le corps de Dean. Une fois fini il retira son propre haut qu'il profita pour essorer puis tendit son couteau vers le soldat, lui faisant comprendre qu'il devait maintenant l'aider à retirer celles qui avaient élus domicile sur lui, lui expliquant la marche à suivre.
Quand ce fut terminé le paléontologue se rhabilla. C'était pile le moment qu'avait choisis Harvey pour faire une nouvelle apparition, cette fois vêtu comme un chasseur, le gilet orange en moins.

*Regarde donc ce magnifique ciel orangé, c'est un spectacle magnifique n'est-ce pas ? Cependant ça veut aussi dire que la nuit ne va pas tarder*
-Il va falloir se dépêcher pour rentrer.
*Ne soit pas stupide John, le camp est loin d'ici, tu sais très bien que vous ne serez pas dans les temps*
-On campera durant la nuit si il le faut.
*Mais encore ? Le chemin sera long et en plus tu vas devoir dormir à la belle étoile, tu sais ce que ça signifie ?*
-Non ce n'est pas envisageable.
*Allons, tu sais très bien que tu ne peux pas y échapper. Si tu ne le fais pas ce serait comme marcher avec un McDo devant une école primaire, ce serait un massacre !*
-... Il va falloir masquer notre odeur ... se recouvrir de boue dont l'odeur sera assez forte pour cacher la notre ... poursuivis par un carno, obligés de faire trempette avec ces foutus sangsues, devoir rentrer mouillés et de nuit et maintenant ça ?! Journée de merde !

Il se tourna alors vers Anderson, l'air désespéré.

-S'il vous plait, dite moi qu'il y a moyen de voir si le véhicule marche toujours afin de rentrer au camp.

Grayson lui annonça qu'il avait plusieurs sangsues dans le dos, ce qui arracha un soupir irrité au soldat qui détestait ces bestioles. En Somalie les rares cours d'eaux en regorgeaient et plus d'une fois il avait eu le plaisir de se faire sucer le sang par ces animaux à qui l'on prêtait toutefois des vertus médicinales. Et la version préhistorique était encore plus grande, plus moche et plus vorace. Bref que du plaisir quoi...

Tandis qu'il était en train de lui retirer les sangsues, Grayson poussa un juron qui fit penser le pire au soldat, s'attendant à ce qu'il ait fait une connerie. Dean tourna un regard interrogateur et un brin suspicieux au paléontologue, se surprenant à le voir regarder l'autre rive du lac ou le carno faisait un massacre avec la voiture.. Le soldat n'eut pas à attendre longtemps avant d'avoir la réponse à sa question:

- "Mon sac ! Mes affaires ! Tout est là bas ! Je ... Je ... Je ne peux pas rentrer sans. Non ... non ... non. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas envisageable. Il faut que je reprenne mon sac. Je ne peux pas rentrer sans mon sac. Non. Il faut le récupérer avant de rentrer ! ... Mais chaque chose en son temps, d'abord se débarrasser des sangsues..."

Dean fut surpris du stress qui s'était emparé du jeune homme, et encore plus de l'irritation dans sa voix. Après tout ils avaient la vie sauve alors le nécessaire de paléontologie lui semblait bien secondaire. Malheureusement Gray ne semblait pas partager cette avis et l'idée de savoir son matériel dans la voiture lui déplaisait au plus au point..

- "Ouais, exactement, les sangsues d'abord! On verra ce que l'on peut faire pour votre matériel plus tard! Et je vous en prie, maîtrisez un peu vos nerf Grayson, sans ça on ne va pas y arriver!"

L'idée d'être coincé dans une jungle infestée de dinosaures ne lui plaisait déjà pas, mais si en plus le paléontologue commençait à péter un câble cela deviendrait réellement l'enfer. Avec un sourire amusé il se dit que le jeune homme n'avait rien à envier aux russo-chinois dans le genre "je suis un emmerdeur"...

Sur cette pensée qui lui redonna un peu de baume au coeur, Grayson acheva de retirer les sangsues du corps du soldat pour son plus gros soulagement. Dean fit de même avec celles qui avaient élus domiciles sur la peau du jeune homme et lorsque ce fut fait, ils se rhabillèrent rapidement, heureux d'en être débarrassés.

Cela fait Gray se lança dans un espèce de monologue:

- "Il va falloir se dépêcher pour rentrer. On campera durant la nuit si il le faut. Non ce n'est pas envisageable.... Il va falloir masquer notre odeur ... se recouvrir de boue dont l'odeur sera assez forte pour cacher la notre ... poursuivis par un carno, obligés de faire trempette avec ces foutus sangsues, devoir rentrer mouillés et de nuit et maintenant ça ?! Journée de merde !"

Le paléontologue semblait complètement perdu dans ses pensées mais malgré tout ses paroles semblaient être tirées d'un dialogue avec une personne imaginaire. Dean écarquilla de grands yeux surpris en observant Gray puis se passa une main d'un air désabusé sur le visage. Mais qu'est-ce qu'il lui faisait là...

Le jeune homme semblait vouloir prendre l'affaire à son compte, sans tenir compte de Dean. Aussi ce dernier leva les deux mains dans sa direction, paumes ouvertes contre lui:

- "Wohwohwoh... Vous allez vous calmer tout de suite là! Question survie, sans vouloir vous vexer, c'est moi qui commande ici, d'accord? Alors oui on va se passer de la boue sur le corps et les habits, oui on va devoir sans doute passer la nuit dans la jungle la colonie étant trop éloignée pour faire le trajet en un jour, et oui ça va être une partie de plaisir! Mais de grâce, calmez-vous..." répondit-il, mi-irrité, mi-énervé.

Le jeune homme sembla complètement zapper ses paroles et il se tourna vers le soldat d'un air désespéré:

- "-S'il vous plait, dite moi qu'il y a moyen de voir si le véhicule marche toujours afin de rentrer au camp." lui demanda-t'il

Dean jeta un regard au véhicule de l'autre côté du lac. Visiblement le carno poursuivait sa séance de massacre, même si la distance ne révélait que de légers détails. Mais il ne fallait pas être un génie pour deviner qu'avec le moteur écrasé, les roues bouffées que le retour se ferait à pied.

Pourtant Gray avait raison; il devait retrouver ses affaires et Dean devait prendre quelques chargeurs, une arme de point et tout le matériel nécessaire que le coffre de survie de la voiture contenait. Mais il n'était pas question de le tenter tant que le grand carnivore était dans les parages.

Dans ce cas ne restait plus qu'à attendre qu'il se lasse et s'en aille. Il faudrait ensuite retraverser le lac, le contourner prendrait trop de temps. Mais il était hors de question de le faire une nouvelle fois à la nage. Se faire sangsuer une fois était largement suffisante par journée et mine de rien ces petites bestioles leur avait sans doute déjà pompé pas mal de sang...

- "Je ne me ferais pas trop d'illusions si j'étais vu, ça m'étonnerait que la voiture fonctionne encore! Mais le matériel qu'elle renferme nous sera des plus utiles si nous devons rentrer à pied! Nous devrions construire un semblant de radeau pour nous éviter des désagréments et quand le carno se sera lassé nous retournerons voir de quoi il en retourne!" lui dit-il d'un air las

Il sortit son couteau de survie de l'une de ses poches d'équipement puis de la ficelle qu'il tendit à Gray:

- "Je vais couper du bois et vous l'attacherez ensemble d'accord? Si on travaille bien d'ici deux heures grand maximum se sera prêt... Peut-être même qu'une rivière pourrait nous permettre d'avancer sans trop de risque en direction de Terra Nova..."

Sans autres paroles, il s'enfonça dans la jungle et revint quelques instants plus tard avec deux larges branches qu'il déposa aux pieds du paléontologue:

- "En fait, au passage.. Sans vouloir vous vexer, vous n'auriez pas un petit côté... heu... comment dire... Schizo? Je sais pas j'ai l'impression que vous parlez tout seul et parfois ça ne ressemble pas vraiment à un monologue je dois dire.. C'est comme si vous parliez à quelqu'un..." lui demanda-t'il, un brin mal à l'aise.

S'il devait passer un jour ou deux dans la jungle avec Gray mieux valait savoir de quoi il en retournait. Avoir un schizo sur le bras n'était sans doute pas ce qui pouvait lui arriver de mieux. D'un autre côté entre le carno et la voiture détruite, il n'était pas à une mauvaise nouvelle prêt.

Un brin anxieux, il attendit la réponse du professeur...

Le militaire n'accordait pas la même importance que le paléontologue à son matériel, d'un côté comment lui en vouloir ? Il ne pouvait comprendre, pour Gray ce qui se trouvait dans son sac c'était toute sa vie, non pas les sondes ou autres instruments, mais ses recherches, son carnet, son frère avait sacrifié son avenir pour lui permettre d'entamer cette voie, après sa disparition c'était aussi devenu son échappatoire, son moyen de tenir en pensant à autre chose. Il ne voulait pas que tout ça disparaisse, pas comme ça, aussi bêtement. Cependant il devait se faire à l'idée que pour l'instant il ne pouvait rien y faire, se contentant d'un air déprimé de continuer l'extraction des sangsues.

Toute les sangsues furent retiré, les deux se rhabillèrent et ils commencèrent à penser à la suite. Du moins ce fut à ce moment que le scientifique eu sa conversation avec Harvey, conversation qui devait avoir l'air d'un monologue bien étrange du point de vu Anderson. Grayson avait tellement pris l'habitude de répondre à cette hallucination qu'il ne se rendait parfois plus compte de l'effet que cela devait avoir pour quelqu'un d'extérieur. Cependant cette fois sembla passer inaperçu, du moins c'est ce que pensa Grayson à la réponse du soldat qui semblait réagir comme si il s'était emballé un peu trop, qu'il devait se calmer ... encore ... et qu'étant donné la situation il était préférable qu'il prenne le commandement. Le docteur n'avait rien contre l'établissement d'une chaîne de commandement mais au final ce qu'il dit revint exactement aux points qu'il avait énoncé plus tôt alors il ne pris même pas la peine d'y répondre ou même d'y réagir. Il se contenta juste de souffler de désespoir à la réponse du militaire à sa question. Oh bien sûr il ne faisait aucun doute quand à l'obligation de rentrer par leur propre moyen, mais il voulait se bercer d'infimes espoirs en posant cette question tout en sachant pertinemment que la réponse serait négative. La seule chose qui vint un peu le réconforter fut de savoir qu'il retourneraient de toute manière là bas récupérer ce qu'ils pourraient, même si il ne pouvait effacer cette aire déçu sur son visage.

Afin d'effectuer une nouvelle traversé le militaire désirait construire un radeau. Il était vrai que faire le tour ne ferait qu'accroître de manière conséquente le temps que prendrait le voyage et il était bien peu envisageable d'y aller de nouveau à la nage, non seulement ils n'étaient plus autant soumis à l'adrénaline que la première fois mais s'exposer de nouveau aux sangsues pourrait être dangereux. De ce fait Grayson acquiesça d'un hochement de tête tout en prenant la ficelle. La seule chose qu'il espérait maintenant c'était que le radeau serait suffisamment solide pour eux deux et qui ne s'écroulerait pas sous leurs pieds au milieu du lac.
Alors que Dean s'enfonça dans la jungle pour trouver de quoi réaliser leur embarcation improvisé Harvey en profita pour surgir de nouveau, portant de grosse botte, un épais jean, une chemise à carreau rouge aux manches remontées et tenant un hache sur son épaule, le parfait bûcheron.

*Quelle magnifique journée pour coupé du bois ! Quoi que je ne coupe pas réellement du bois, ni toi d'ailleurs, mais tout de même ! Aurais tu pu imaginer en sortant ce matin que tu finirais par rentrer en barque au crépuscule avec lui ? Quel cadre romantique !*
-Arrête de raconter des conneries ... de plus ce n'est pas une barque mais un radeau qui sera sans doute instable et inconfortable. Dernière chose, arrête avec tes allusions, elle n'ont pas lieu d'être.
*Mais si elle n'ont pas lieu d'être pourquoi, moi, l'être créé par ton subconscient, aurait-je l'idée de parler de ça, hein ?*
-Car je sais très bien que Harvey, le vrai Harvey, serait le premier à faire ce genre de remarques dans le seul but de m'énerver ...
*Haha, voilà qui est vrai. Mais silence maintenant John, le voilà qui revient.*

A ce même instant du bruit se fit entendre venant de la jungle puis finalement Anderson fit son apparition, deux larges branches avec lui qu'il déposa près de lui. Le scientifique s'accroupit pour examiner les branche et commencer à les lier entre elles quand Dean commença à parler. A l'entente de ce que le militaire lui demanda il se figea complètement, choqué. Il savait que son secret finirait par éclater au grand jour, notamment parce que sa vigilance baissait de plus en plus, mais il n'aurait pas pensé que cela survienne aussi vite, les gens ayant tendance à mettre ça sur le dos de son intelligence et ne posant pas plus de question. Il se releva lentement pour pouvoir le regarder en face, toujours choqué et effrayé. Il ne savait pas quoi dire, il était le premier à lui poser clairement la question, il se doutait bien que certain avait des soupçons mais tant que personne n'en parlait ce n'était pas réel, or là il était pris au dépourvu. Harvey apparu derrière lui, une armure noire semblable à celle des militaires du camp mais en plus futuriste et au masque étrange. Il posa ses mains sur ses épaules et commença à lui murmurer à l'oreille.

*Il a découvert notre secret John. Il en sait suffisamment pour ne pas se faire avoir par l'une de tes pirouettes, sans compter que ta réaction ne fait que le conforter dans son idée.*
-Je ...
*C'est inutile, toute tentative sera vaine, tu ne peux que limiter la casse. Comment pense tu qu'ils vont réagir de retour au camp ? Laisse moi te le dire, ils vont commencer à se méfier, ils diront que tu es trop instable pour travailler, qu'il sera préférable de t'isoler pour éviter tout accident. Puis à force ils te verront comme une menace, ton trouble pourrait porter atteinte à la sécurité du camp, qu'il sera impossible de te laisser agir librement. Il n'y a qu'une seule solution ...* dit-il en lançant un regard sur le pistolet que portait Grayson. *Tu peux mettre fin à tout ça, conserver le secret, il te suffit de presser la détente et faire disparaître le corps, ce qui est facile avec le lac à côté. Personne ne pourra dire ce qui s'est passé, il sera mort en préservant ta vie et on ne viendra pas te tourmenter plus longtemps.*

Grayson commençait à se crisper de plus en plus à mesure que Harvey parlait. Il était perdu et terrifié, il ne savait pas quoi faire et était tenté de suivre ce qu'il lui soufflait, comme il l'avait fait lors de sa séance de psychanalyse avant le départ. Ainsi sa main s'approchait de plus en plus du holster à sa ceinture, prêt à dégainer mais pas encore décidé à le faire. Harvey à sa droite braqua une arme vers la tête du militaire.

*Maintenant tir John, tir !*

Un coup de feu retentit dans sa tête, un flash imaginaire l'obligeant à fermer les yeux. Finalement il les rouvrit, la vision avait disparu et il serra le poing sous l'effet de stress, préférant abandonner cette idée horrible et jouer la carte de la franchise. Après tout, les risques énoncés par son frère n'était que le pire des scénarios et l'un des moins probable, le fait qu'on l'oblige à suivre un suivi psychologique était le risque le plus envisageable et puis il savait au fond que Dean ne souhaiterait sûrement pas le faire informer. Il commença à regarder vers le sol, se frottant le bras d'un air honteux.

-C'est possible ... c'est le cas ... Il se peut qu'il m'arrive parfois de parler à mon frère ... Mais je peux vous assurer que ça ne causera aucun problème pour notre voyage de retour, je suis tout a fait capable de me contrôler et de ne pas agir de façon irresponsable.

Grayson pensait vraiment ce qu'il disait, cependant le fait qu'il ait failli prendre son arme pour tirer sur le militaire ne permettait pas trop de lui faire confiance. Il n'y avait qu'à espérer que Anderson ne l'ait pas remarqué ou décide de le croire.

Visiblement la question qu'il avait posée à Grayson concernant sa schizophrénie avait plongé le jeune paléontologue dans un drôle d'état. Il semblait même carrément choqué, comme si la question du soldat était audacieuse ou déplacée.

Le jeune homme semblait en proie à un intense débat intérieur et Dean supposa qu'il était en train d'écouter ce que son... heu.. esprit lui disait. Pourtant quelque chose dans l'air du paléontologue témoignait clairement que la discussion qu'il menait tout seul n'était pas à l'avantage du soldat.

Dean suivit du regard la main de Gray qui se porta au niveau de son pistolet et le soldat réagit en resserrant sa prise sur la poignée de son fusil. A vrai dire il ne savait pas vraiment comment pouvait réagir un schizophrène, et ce n'était pas son domaine. Mais il était certain que parfois leurs réactions pouvaient défier toute logique. Ainsi l'idée que le paléontologue cherche à se débarasser de lui lui effleura l'esprit.

Ce moment tendu passé, Gray serra les poings et soupira comme s'il venait de prendre sa décision.

- "C'est possible ... c'est le cas ... Il se peut qu'il m'arrive parfois de parler à mon frère ... Mais je peux vous assurer que ça ne causera aucun problème pour notre voyage de retour, je suis tout a fait capable de me contrôler et de ne pas agir de façon irresponsable..." expliqua-t'il

- "Ha..." se contenta de répondre le soldat.

A vrai dire il était étonné que Gray ait été aussi direct et lui avoue si sincèrement la maladie dont il souffrait. Le soldat soupira, se disant que c'était définitivement une mauvaise idée de se retrouver à devoir rentrer à pied à la colonie avec un Gray qui était en proie à des hallucinations, voyant son frère, comme il disait. Décidément il avait le don pour se retrouver dans des emmerdes pas possible.

- "Bon, si vous m'assurez qu'il n'y aura pas de problèmes, je suppose que je peux garder ça pour moi... Cela dit il existe des traitements vous savez?" dit-il finalement.

En fait il ne lui faisait aucune confiance et comptait bien garder un oeil sur Gray sans jamais lui tourner le dos. Mais il ne pouvait pas décemment le lui dire alors qu'ils était bloqués ensemble pour un certain temps. Si le paléontologue pensait que Dean représentait un danger ou trahirait son "secret", il essaierait sans doute de le faire disparaître. Et il en aurait sans doute l'occasion... Décidément, cela devenait de plus en plus intéressant.

Mais au delà du problème que soulevait la schizophrénie, il restant encore celui du radeau qu'il fallait construire. Et cela n'allait pas se faire tout seul.

- "Bon, n'en parlons plus pour l'instant, d'accord?" dit-il enfin.

Dean et Gray se concentrèrent sur la construction de leur embarcation pendant le reste de l'après-midi la terminant en début de soirée. Ils discutèrent un peu de tout et de rien mais le soldat évita de retomber sur le sujet de la schizophrénie de son compagnon. En revanche, il jeta régulièrement des regards au paléontologue pour s'assurer qu'il n'essayait pas de l’assommer ou pire.

Ils mirent le radeau à l'eau et ce dernier flotta avec stabilité, pour le plus grand plaisir des deux hommes. Dean jeta un regard amusé à Gray:

- "Allez, embarquement immédiat, moussaillon..." rigola-t'il.

Il leur fallut quelques longues minutes pour traverser le lac, évitant cette fois-ci la désagréable morsure des sangsues géantes du crétacée. Il faillirent bien tomber une fois ou deux à l'eau, mais fort heureusement ils parvinrent à garder l'équilibre de la fragile embarcation et purent enfin poser pied à terre de l'autre côté de l'étendue d'eau.

La voiture était retournée sur le toit et en piteuse état, pourtant les équipements devaient être plus ou moins intact à en juger par le placement des coups que le carno s'était acharné à donné au pauvre véhicule.

- "Bon, récupérez votre matériel aussi vite que possible avant qu'il ne fasse nuit noire..." dit-il au paléontologue.

Dean s'attela à chercher les rations de survie et les chargeurs de réserve qu'il passa à son gilet d'équipement, ainsi que plusieurs bâtons lumineux. La boussole et divers matériel comme des allumettes, une trousse de premier secours et un deuxième couteau y trouvèrent également rapidement place. Cela fait le soldat balaya les environs avec sa torche pour s'assurer que nul danger ne rôdait dans les environs avant de se tourner vers Gray qui s'occupait de son propre nécessaire de paléontologie.

- "Alors, vous avez tout? Votre matériel n'a pas été trop abîmé? Ce serait dommage de perdre les données sur ces charmantes bestioles que sont les sangsues, hein?" dit-il un brin amusé.

Le militaire ne semblait pas vraiment convaincu par le paléontologue. Gray était déçu et honteux, détournant légèrement le visage pour regarder le sol, cependant il ne pouvait lui en vouloir, après tout il avait bien failli lui tirer dessus pour préserver son secret, ce qui était une preuve suffisante de son instabilité. Il lui demanda aussi si il était au courant que des traitements existaient contre la schizophrénie.

-Je sais ... répondit-il simplement, sans aller plus loin.

Mais si il savait, alors pourquoi ne pas s'en servir ? Cela n'avait rien à voir avec une quelconque question d'efficacité ou d'effet secondaire, loin de là, au contraire aujourd'hui, ou du moins dans le futur, ils étaient devenu très efficace et n'engendraient presque aucun effet néfaste. Cependant Grayson n'était pas encore prêt à tourner la page, ces hallucinations qu'il avait, son frère lui parlant tout les jours, il en avait besoin, il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Alors même si il savait que ce n'était pas réel, que c'était une source de problème, il refusait de prendre un quelconque traitement. De toute manière Dean ne semblait pas vouloir en savoir plus, préférant éviter le sujet pour l'instant, mais Grayson devinait qu'il n'en pensait pas moins. Le retour au camp allait être vraiment long.

Le reste du temps fut consacré au montage du radeau du petit duo. Au fur et à mesure que Anderson ramenait le bois pour construire leur embarcation improvisée le scientifique attachait les troncs les un aux autres. Afin de combler le silence ils parlaient de futilités, cependant il pouvait sentir le regard du militaire se poser sur lui à plusieurs reprise, non pas le genre de regard qu'il aurait aimé. Il était clair qu'il n'avait aucune confiance en lui.
Harvey apparu de nouveau, les main derrière le dos, habillé comme un vieux colonel munit d'un monocle et d'une moustache ridicule. Marchant derrière Gray il se pencha légèrement pour de nouveau chuchoter quelques mots à son frère qui était accroupie.

*Ça se passe à merveille, n'est-ce pas John ? Je maintiens que tu aurais dû lui tirer dessus. Mais si vraiment cela te déplais je te propose le chandelier ! Un grand classique, de quoi faire sensation !*

Le paléontologue ferma simplement les yeux d'un air agacé face aux paroles de son jumeaux. Pour aujourd'hui il ne voulait plus l'écouter, il lui avait déjà apporté assez d'ennuis.

Une fois le radeau terminé, le soleil déclinant de plus en plus, ils le tirèrent et le mirent à l'eau. Au bonheur des deux garçons il flotta parfaitement, ce qui n'était pas surprenant, mais surtout il était stable, suffisamment du moins pour permettre une traversé. Alors Dean déclara le départ dans une phrase qui fit sourire le scientifique.

Après de longues minutes à faire tout leur possible pour ne pas tomber ils finirent par arriver sur l'autre berge, celle qu'ils avaient quitté en premier lieu à cause du carno. Il était vraiment agréable de ne pas y être allez à la nage cette fois ci, cela avait évité de nombreux désagréments. Le dinosaure n'était plus là mais la pauvre carcasse de leur véhicule blindé témoignait du passage de la bête. Dès l'attaque il était déjà clair qu'il serait impossible de rentrer comme ils étaient venu mais de voir ça venait ôter tout espoir restant, il faudrait y aller à pied.

Gray n'attendit pas l'autorisation du soldat pour foncer vers ses affaires. Il était cependant à noter qu'elles ne se trouvaient pas dans le véhicule mais dans un petit buisson non loin de l'eau. En effet, lors de l'attaque le docteur avait eu pour réflexe d'envoyer son sac dans un endroit où il passerait inaperçu afin de préserver au mieux ce dernier. Ramassant donc son sac il frotta la boue qui s'était déposé dessus, suite à quoi il ouvrit le sac pour vérifier qu'il ne manquait rien.

-Tout est là. Pas de dégâts visibles. Dans le pire des cas cela reste minime. La perte des données aurait été embêtante en effet, cela aurait voulu dire un nouveau voyage, les recherches auraient été ralentit.

En réalité Gray n'avait que faire des recherches sur les sangsues ou même de l'état de son matériel, c'était des choses qui pouvaient être remplacées. Ce qui ne l'était pas cependant c'était son carnet de note, son PDA aussi à la limite, ces deux support contenaient tout ses travaux depuis le début de ses études jusqu'à aujourd'hui. Mais c'était vraiment ce petit carnet bleu trop rempli pour se fermer correctement qui comptait vraiment à ses yeux, non seulement c'était un cadeau de son frère pour fêter son entrée à l'université, mais il y avait mit toute son âme dedans, c'était bien plus que de simples recherches à ses yeux. Il se releva alors avec son sac en bandoulière et se tourna vers le militaire.

-Non pas que je veuille remettre votre sens de la survie, mais pensez vous vraiment que ce soit prudent d'allumer cette lampe au milieu d'une jungle hostile ? Je vous conseillerais donc de l'éteindre rapidement si possible. Enfin c'est vous qui voyez, vous êtes le « commandant », la survie ça vous connais ! Dit-il d'un ton ironique et moqueur.

Grayson lançait de nouveau ses piques contre les militaires, Anderson plus précisément dans ce cas présent, c'était preuve qu'il se sentait mieux. Il avait l'esprit tranquille maintenant qu'il avait son sac.

-Et maintenant, CHEF ! On fait quoi ?

Il avait adopté une attitude étonnamment insolente. C'était un peu sa manière de se faire les nerfs et c'était toujours mieux que de tirer sur quelqu'un. Concernant sa question il savait pertinemment ce qu'il y avait à faire à présent, c'était d'ailleurs une chose qu'il avait redouté tant c'était déplaisant. Il plongea sa main dans le sol et souleva une bonne poignée de boue particulièrement odorante.

-Bon, je vous tartine ou vous pensez pouvoir vous débrouiller tout seul ?

Ils devaient se recouvrir de boue, le problème avec la faune du crétacé c'était qu'il existait de très nombreux chasseur possédant un odorat suffisamment puissant pour les sentir à des kilomètres à la ronde. Bien sûr cela avait bien peu d'importance en temps normale, les déplacement se faisant bien trop rapidement avec les véhicules pour présenter un réel danger. Enfaîte même à pied ce n'était pas bien dangereux, tant que le soleil était levé du moins, car c'est à la nuit tombé que les prédateurs les plus dangereux sont actif, et là il valait mieux se faire discret. Il était donc judicieux de profiter de ce moment de calme pour cacher leur trace olfactive, surtout que le lac à proximité leur offrait une parfaite barrière de son sol. Grayson commença donc ce travail ingrat jusqu'à être complètement recouvert, demandant l'aide du militaire pour les zone inaccessible tel que le dos et en faisant de même pour lui.