Chapitre 4
Il arrive qu'une femme rencontre une épave et qu'elle décide d'en faire un homme sain
Elle y arrive parfois.
Cesare Pavese
Comment l’humanité finirait elle ? Seraient-ils désormais les derniers héritiers de l’espèce humaine ? Parviendraient-ils à donner une nouvelle chance à l’humanité tout en préservant ce lieu ?
Maintenant que le portail était détruit, toutes ces guerres allaient elles cesser ?
Et quant était il d’eux ? Quant était il de leurs histoires ? Parviendrait-il à son but ?
Alors qu’il avait l’étrange sensation d’errer sans but, une éclaircie perça le néant et illumina sa route. Il était dans une forêt tropicale qu’il connaissait bien. L’odeur des diverses fleurs vinrent titiller ses narines tandis que ses tympans reconnaissaient sans peine, le son claire de la cascade. Devant lui, de grandes feuilles vertes semblaient former la porte d’une clairière lumineuse. Il ne savait pas d’où pouvait provenir cet étrange calme, cette chaleur bienfaisante ce…cette paix intérieur. L’endroit lui était plus que familier et pourtant... il ne l’avait jamais vu aussi….il ne l’avait jamais vu avec ses yeux là. C’était presque irréel. Tout lui semblait plus lumineux. Les odeurs semblaient s’être décuplées pour ne laisser que les bonnes. L’air était plus pur que dans ses souvenirs et même le chant des oiseaux formaient une mélodie. Grand Dieu où était-il ?
Soudain son cœur manqua un battement lorsqu’il reconnut une voix familière.
- Esperanza ?!
Il tourna la tête pour voir son fils passer à côté de lui sans le regarder. Ce n’était pas comme s’il le méprisait, non. Il ne le voyait tout simplement pas. Comme si il n’existait pas. Comme s’il était un fantôme. Le visage de son fils était tendu et son regard dur, comme il en avait l’habitude depuis onze ans. Mais cette fois, ce n’était pas de la haine qu’il lisait dans son regard… c’était de la peur. Une peur mélangée à de l’inquiétude et à de la colère. Une colère qu’il comprenait sans même savoir ce qui avait pus mettre son fils dans cet état. C’était une lueur qu’il avait pus lire mainte fois dans son propre regard. Une lueur qui lui provoqua un long frisson.
Le jeune homme, qui avait pris quelques années depuis son récent souvenir, passa devant lui et poussa une longue feuille qui lui barrait le passage.
- Esperanza !
C’était plus un cri de soulagement que de colère qui sortit des lèvres Lucas. Le cœur de Taylor manqua un battement lorsqu’il aperçut enfin à qui s’adressait son fils. Le puissant jet d’eau de la cascade illuminée par le soleil fit ressortir cette apparition qui lui sembla presque angélique. Assise sur un gros rocher près de l’eau…un peu trop près du bord à son avis, une petite fille d’une dizaine d’années tout au plus, tourna la tête vers le jeune homme. Loin d’être effrayée par le ton de Lucas la jeune demoiselle fit un grand sourire et se laissa glisser le long du rocher avant de courir vers lui les bras écartés, en l’air comme si elle allait s’envoler. Il eut juste le temps de se baisser et de la réceptionner. Taylor sourit lorsqu’il vit que si son fils avait bien l’intention d’exprimer sa colère à la petite, elle ne lui laissa pas le temps de parler et agrippa ses bras le long de son cou. Ce dernier leva les yeux au ciel avant d’enserrer la petite fille comme s’il avait s’agit d’un objet précieux. Puis il s’écarta et plongea ses yeux dans ceux de l’enfant avant de lui parler à sa hauteur. Taylor n’entendit pas les paroles du jeune homme, mais il vit l’enfant hocher la tête tout en gardant son éternel et beau sourire. Le commandant ne put quitter l’enfant du regard. Ses yeux, il n’avait pas besoin d’aller chercher bien loin pour savoir de qui elle les tenait comme il n’y avait pas besoin de se demander quel lien pouvait les unir tous les deux… L’émeraude clair de ses yeux ressortait comme deux pierres précieuses dans un visage encadré par des cheveux noirs de jais qui brillaient d’un reflet châtains lorsque le soleil les illuminait. Plus il la regardait et plus elle lui rappelait quelqu’un…son profil, son sourire…
La petite Esperanza hocha la tête avant d’enlacer à nouveau le jeune homme, de déposer un baiser sur sa joue et d’agripper sa main pour le pousser de toutes ces forces vers l’eau.
Etait ce un rêve ou l’avenir ? Il ne saurait le dire.
- Je comprends parfaitement que vous ayez envie d’y croire… mais je ne crois pas qu’il soit utile pour cela que vous preniez de tels risques.
La voix de son ami Jim chassa ces images qui laissèrent en lui une empreinte indélébile.
- C’est mon fils… répondit il d’une voix encore vague
- C’est aussi votre ennemi mortel, répondit l’ex-flic d’une voix amicale, sans Sky vous seriez probablement mort à l’heure qu’il est…
- Que feriez-vous dans ma situation ? Laisseriez-vous tomber Josh aussi facilement ? J’avais fait erreur Jim et comme vous dite, j’ai eu la chance de m’en sortir.
Taylor tourna la tête vers son ami qu’il fixa avant de hocher la tête.
- Et je ne fais pas deux fois la même erreur.
- Sans vouloir vous offenser, peut être que l’erreur est de croire que Lucas changera d’avis…
- Il n’en a pas après Terra Nova. C’est moi qu’il veut.
- Comment en être sure ?
Taylor fixa son ami d’un regard interrogateur, surprit de sa question. Jim lui renvoya son regard et haussa légèrement les épaules.
- Nos enfants sont une partie de nous. Et il nous est généralement difficile d’accepter qu’ils puissent faire d’autres choix que les nôtres…mais c’est pourtant le cas. Je me demande si la vengeance est la réelle motivation de l’alliance de Lucas avec les Sixers…
- Il n’a fait ca que pour me provoquer…
- Comment l’affirmer Taylor ?! Répéta t il d’une voix calme, peut être ne le sait il pas lui-même. Vous êtes liés par le sang non par le tempérament. Si tous les fils qui en voulaient à leur père devaient avoir une soudaine envie de les tuer, je serais surement en cavale à fuir Josh.
Le commandant ne put s’empêcher de sourire face à ce dernier argument.
- Et n’avez-vous justement pas eu quelques soucis relationnels avec votre fils ces derniers temps ?
Jim soupira en hochant négativement la tête.
- Très bien, sur ce point vous gagnez. Mais vous ne me ferez pas changer d’avis sur le fait qu’accepter votre fils dans le même logement que vous est une erreur dangereuse.
- Où l’auriez vous mis alors ? Dans un logement entouré de soldats ? Bonne image de prisonnier pour des réconciliations. Sky et sa mère ne sont que deux et je suis sure qu’elle aurait accepté s’il avait s’agit d’arracher des informations à Lucas, pas aussi sure pour une collocation.
Ce fut au tour de Jim de sourire.
- Il ne resterait que vous et votre famille en qui j’aurai eu le plus confiance, mais vous êtes déjà quatre.
- Oui merci, c’est déjà difficilement gérable parfois sans y introduire un combat de coq entre Josh et Lucas…
- On m’a dit que vous en aviez fait l’expérience oui.
Jim haussa les sourcils pendant quelques secondes en soupirant. Pas besoin d’autres mots pour que le commandant comprenne.
- Et pour être totalement franc avec vous, je n’aimerai pas trop que Lucas soit proche de Maddy. Elle est un peu trop curieuse depuis son fameux sauvetage… entre ça et son mariage, Elizabeth est sur le point de faire une crise de nerf.
- Félicitation d’ailleurs, j’ai été ravie d’apprendre la nouvelle.
- Sans doute plus que moi…
- Pourquoi avoir accepté alors ?
- J’ai accepté pour Reynold, je ne pensais pas que Maddy accepterai si vite.
- C’est une grand fille et intelligente. Elle n’a que 16 ans c’est vrai mais elle est très mature pour son âge.
- Maddy est juste douée…. Peut être est ce des craintes irrationnelles de père mais… disons que j’aurai moins peur si Josh m’annonçait qu’il se fiançait. Maddy est très curieuse, vive et gentille mais elle encore jeune Taylor. C’est une enfant…
- Peut être devons nous les laisser grandir en leur faisant confiance. A trop vouloir les protéger, on peut finir par les perdre. Regardez-moi…
- Les circonstances sont différentes.
- Peut être, mais cela change t il vraiment la conclusion ?
Jim ne sut quoi répondre et balança légèrement la tête en reportant son regard vers l’océan.
- J’ai fait des erreurs et j’aimerai simplement me les faire pardonner avant que…que je ne meurs un jour, dit il en reprenant la fin de sa phrase
- Vous avez encore un sacré bout de temps alors, répondit amicalement Jim.
Un bref sourire en coin fut la seule réponse du commandant. Son ami ignorait le rapport d’Elizabeth quant à son dossier médical et… c’était sans doute mieux ainsi. Il ne tenait pas à ce que le monde s’apitoie sur son sors ; encore moins que Lucas l’apprenne. Cela aurait réduit ces chances de réconciliations, le jeune homme voyant là une technique de manipulation de sa part.
- Entre nous, je ne crois pas que vous ayez réellement quelque chose à vous faire pardonner.
- Qui n’en a pas ?
* * *
Il se rappelait d’un jour où sa mère lui avait fait écouter une chanson très ancienne qui datait du 20e siècle. Une chanson qu’il n’avait que rarement entendu par la suite… Que disait-elle déjà ? Avec le temps, va tout s’en va. Il avait souvent remis ses paroles en doute mais à cet instant précis, il devait bien reconnaitre que le chanteur n’avait pas tord. Lucas balaya la pièce du regard… où était passé les divers appareils qu’il avait l’habitude de voir ? Tout avait été remplacé dans la pièce, jusqu’à l’emplacement des meubles. S’il n’avait pas gardé quelques repères visuels à l’extérieur, il aurait certainement pensé qu’il s’était trompé d’endroit. Certes il était resté quelques jours à Terra Nova il y a trois mois, lors du siège de la…cité ? Mais le jeune homme n’avait pas osé remettre les pieds ici. Ridicule non ? Il devait bien avouer qu’il en ignorait la raison. Jamais il n’avait douté de lui et de sa décision de faire un second portail ; depuis que son père l’avait jeté dehors, sa volonté n’en avait été que décuplée et il voyait toute l’importance de sa mission. Et pourtant… il faut dire aussi que les jours où il était revenu dans la colonie n’avait pas non plus été une partie de plaisir, entre la rébellion organisée par Shannon et son père qui jouait à cache –cache dans la forêt…
A présent, il n’avait plus que ça à faire si l’on peut dire. Marqué comme un animal par une puce électronique dont il avait apprit l’existence en prison – bon comité d’accueil pour une personne soit disant invitée non ? – il avait du ensuite se faire à l’idée que son cher père s’illusionne à vouloir refaire le bon vieux temps et l’accueillait gentiment chez lui. C’est trop charmant ! Oh oui il le haïssait ! Mais pas au point de sous estimer son ennemi ; son père tenait trop à sa vie pour prendre de tels risques…même si elle était plus courte que prévue. S’il l’accueillait chez lui, c’est qu’il devait avoir une idée derrière la tête. Il savait que Lucas ne le tuerait pas comme cela. D’autant plus qu’il était au courant pour son diagnostic sévère. C’était la seule raison qui l’avait empêché d’agir l’autre soir. « Tout viens à point à qui sait attendre » était devenu ces derniers jours son mot d’ordre. Otez la vie à son père maintenant serait en fait lui rendre service…Jamais il ne lui ferait ce plaisir ! Et cela Taylor le savait très bien. Cet accueil était donc un affront à l’image de son père ; les gens le verrait comme un homme bon alors qu’en réalité… Ceci dit, la vie lui avait bien prouvé que son père pouvait devenir naïf, ou prendre les gens pour des idiots il ne savait pas trop, dés lors qu’il s’agissait de famille. Dés lors, peut être n’était il qu’un idiot qui se mettait en danger ?
Ah la famille ! Ces discours l’avaient toujours profondément agacé. Pourquoi le fait que le même sang coulait dans les veines construirait des liens forts d’amour ? On voyait tous les jours dans la nature des bébés naitre, grandir et un jour se disputer le territoire avec leurs ainés. Or l’Homme, qu’était-il au fond ? C’est vrai, il devait bien avouer qu’en voyant ce Jim Shannon voler à la rescousse de son fils, il avait eu lui-même une pointe d’amertume et de regret, mais ce n’était pas ce que tous s’imaginaient. Ce qu’il regrettait c’est de ne pas avoir connu quelqu’un avec qui il aurait partagé ce lien fort et complice. Jim et Josh Shannon n’étaient pas aussi proche simplement parce qu’ils étaient père et fils ; ils ne l’auraient pas été qu’ils se seraient peut être aussi bien entendu… En fait si, Lucas avait connu une personne semblable…et son père l’avait froidement abattu sous ses yeux le soir de son expulsion !!
Le jeune homme serra les dents tandis que son regard fixait les plantes qui avaient envahis son ancien labo. Son cœur fit un bond et il eut un mouvement de recul lorsqu’il aperçut une forme familière… une petite forme longue et cassée. Il s’approcha de la table et repoussa énergiquement quelques plantes sans grandes attentions pour ces dernières. Non, il n’avait pas rêvé ; c’était bien le prototype sur lequel il travaillait et que son père avait violement fracassé avant qu’il ne le chasse hors de Terra Nova, qu’il avait sous les yeux. Il manquait quelques morceaux, et la personne qui l’avait retrouvé n’était pas parvenu à le faire marcher mais… Le fantôme d’un sourire fier traversa son visage lorsqu’il imagina un vieux scientifique en train de s’acharner à vouloir comprendre son travail pour ne parvenir finalement qu’aux bases. De bonnes bases c’était certain… mais les bases malgré tout. Et lui aurait toute la vie devant lui pour améliorer cette technique et ce savoir. Un grognement sourd attira son attention. Il reposa une partie de l’appareil et se dirigea vers la source du bruit. Perdue au milieu de ses plantes, une silhouette à blouse blanche était penchée au dessus des ordinateurs. Il reconnaissait sans peine les diverses formules qui s’affichaient sur l’écran en face d’elle. La silhouette féminine était jeune et il ne voyait d’elle que de longs cheveux noirs de jais qui se terminaient en cascade. Elle était vive et sa tête virevoltait de droite à gauche et de haut en bas. De temps à autres elle émettait des « Ah ! » et des « Oooh ! » d’exclamation. Quelques « Hein ? » ressortaient souvent. Sans doute une élève, novice, qui essayait de comprendre ses travaux. Que croyait-elle franchement ?! Il approcha doucement derrière la jeune femme et s’apprêtait à parler lorsqu’il fut coupé dans son élan par une vague d’énergie qui venait d’envahir la jeune inconnue. Elle tapota quelque chose sur le clavier, fit mille manœuvre et… réussit à faire le lien entre deux ou trois formules. Ok. Il devait bien avouer que c’était pas mal pour une débutante…mais c’était comme de refaire un exercice à un problème déjà corrigé. Il lui donnerait un 16/20 à la rigueur. La jeune femme elle, semblait aussi fière qu’heureuse de sa prestation. Lucas fut amusé de voir la lueur d’excitation et de curiosité qui luisait dans ses yeux marron. Il décida de ne rien dire et de s’appuyer contre le rebord de la table, bras croisés, pour l’observer, cette dernière ne l’ayant toujours pas remarquer. Maintenant qu’il l’observait bien, elle était plus jeune qu’il ne l’aurait pensé. Elle devait avoir l’âge de Sky. Mais c’est tout ce qu’elle avait de commun avec la jeune femme. Sky était d’un tempérament et d’une nature assez proche de la sienne ; raison pour laquelle il l’avait appelé « petite sœur ». Cette jeune femme était beaucoup plus innocente et fragile. Il était persuadé que Sky mènerait des batailles sans problème tandis que cette jeune fille là, il avait l’impression qu’il suffisait de la faire tomber pour la briser. Quant au physique, si Sky était très belle, il devait bien l’avouer, il ressortait d’elle un côté beaucoup plus mure que chez cette demoiselle dont les yeux brillaient d’une lueur enfantines. Etait ce ses yeux, ou son sourire qui lui donnait ce petit côté joyeux et plein de vie ? Tout ce qu’il savait, c’est qu’il n’avait jamais vu une personne qui lui inspirait cela… Il en avait vu des sourires. Des hypocrites, des tristes, des sadiques… mais aucun comme celui là. Qu’il s’agrandisse ou diminue lorsqu’elle réfléchissait, il restait toujours présent. Et lorsqu’elle remit ses longs cheveux derrière son oreille, il y avait quelques choses d’innocent et de gracieux dans son geste. La lumière du labo illuminait ses yeux comme deux lumières qui ressortaient de ces pupilles. Le jeune homme se prit à sourire malgré lui en contemplant la jeune fille. Il fut un instant touché par elle. Il en avait vu des belles jeunes femmes au cours de sa vie, il devait d’ailleurs bien avouer qu’il n’avait pas été complètement insensible à celle de Sky ; Pourtant, rien n’équivalait celle de cette jeune fille. Il y avait quelque chose de pur qui se dégageait de…
- Aaahhh ! lança-t-elle dans un petit cri en faisant tomber ses calculs au sol lorsqu’elle réalisa la présence de Lucas, be- bon sang ! Vous avez failli me provoquer un arrêt cardiaque. Termina-t-elle une main sur la poitrine.
- Si vous voulez parvenir au bout de cette équation il va falloir corriger ça. Répondit-il amusé par la situation en gardant malgré tout un visage stoïque.
La jeune fille le fixa un instant avant de regarder le calcul dont il lui parlait puis reporta à nouveau son regard vers lui. Son sourire avait changé, mais pas disparut. Il était gêné mais bien présent. Son regard hésitait entre la curiosité et la peur. Il sut à son recul qu’elle savait qui il était et… lui aussi la reconnut. Il se figea durant quelques secondes se demandant comment il n’avait pas pus la reconnaitre plus tôt.
- Euh merci, finit elle par dire. Vous …vous voulez que je lâche vos travaux ?
- Pourquoi ? Vous croyez que j’ai peur que vous ne les copiez ? lança-t-il avec un sourire automatique.
- Ne me sous-estimez pas ! Se défendit-elle dans un cri de fierté
- Alors ne vous surestimez pas.
- Vous pouvez parler….répliqua t’elle d’une voix tremblotante, qu’est ce que vous attendez de moi ?
Il fronça les sourcils lorsqu’il vit l’attitude de défense de la jeune femme. Il avait oublié qu’il avait l’étiquette de Dark Vador dans cette cité. Les yeux de Maddy passaient de son regard à quelque chose d’autre…suivant son regard il s’aperçut que sa main avait automatiquement attrapé son arme. Encore une chose paradoxale de son cher père qui lui avait consenti un moyen de défense alors que s’il tentait quoi que ce soit, une horde de soldat lui tomberait dessus avec le seul rêve de le tuer. Il posa l’arme sur la table et leva les mains devant la jeune fille.
- On se détend ok ? Tu ne me serais de toute façon d’aucune utilité…
- Si vous pensez que ca me vexe ! Mentit-elle
A nouveau il sourit devant la mine boudeuse de la jeune fille qui contrastait avec sa réponse.
- Tu es une piètre menteuse petite
- Et alors ? Je considère cela comme une qualité. Moi au moins je ne me comporte pas en ado puéril !
Cette fois, il ne sourit plus du tout et s’approcha d’elle en plantant son regard dans le sien. La jeune fille recula légèrement sans détourner les yeux. Après un instant d’hésitation, elle s’appuya à son tour contre le rebord de la table et croisa les bras. Elle lui adressa un regard hautain avant d’ajouter
- Auriez vous l’obligeance de me laisser travaillé puisque de TOUTE EVIDENCE vous n’avez pas besoin de mes services ? Je vous en serai vraiment très reconnaissante.
Sur ces mots elle se remit dans la lecture de ses calculs sans accorder au jeune homme le moindre regard. Stupéfait, il ne recula pas et ne cessa pas non plus de la regarder. Elle tourna lentement la tête vers lui avant de revenir rapidement à ses calculs.
- J’ai besoin d’un minimum d’espace vital, ajouta t’elle en le repoussant au bout de quelques minutes.
Lucas ne savait plus s’il devait s’énerver ou s’amusé de la situation. Il ne savait pas non plus si cette fille était pétrifiée ou indifférente. Il décida finalement de rester et pointa son doigt vers un autre calcul.
- Ca non plus ce n’est pas bon. Vraiment ce n’est pas bien parti si vous faites des fautes à toutes les lignes.
Maddy feignit de ne pas prêter attention à ce qu’il lui disait et acheva son autre calcul. Il la vit revenir à l’endroit exact qu’il lui avait indiqué, barrer, réfléchir pour inscrire autre chose.
- Ca n’est toujours pas ça.
- Pardon ?
- Ce n’est pas la bonne réponse.
- Mon calcul est bon ! Vous n’allez pas me contredire sur ce calcul là quand même ?
- Sur ce point là non, mais il faut tenir compte de l’ensemble.
Le regard de la jeune fille virevolta de gauche à droite et il l’observa se mordre la lèvre avant de ravaler sa salive. Oui elle était déçue. Et d’une certaine manière, elle lui faisait pitié. La jeune fille semblait réellement intéressée.
- Pourquoi ne pas abandonner tout simplement ?! C’est peine perdue pour vous.
- Cela fait une semaine que je ne dors plus à cause de cela. Alors le mot abandonner ne fait pas partie de mon vocabulaire.
- Une semaine oh ! Quel exploit. Moi ca fait presque dix ans.
Maddy reposa son stylo d’un geste sec avant de lancer un regard noir à Lucas.
- Eh bien dans ce cas aidez-moi puisque c’est vous l’expert ! Mais peut être qu’après tout le mot reconnaissance ne fais pas partit de votre vocabulaire, lança t’elle d’un ton pédant.
- De quoi ? Avoir aidé votre père à me faire prisonnier ? Ce serait plutôt à lui et votre cher commandant d’être reconnaissant. Maddy Shannon n’est ce pas ? La fille du sheriff …
Maddy le fixa d’un air déçue et désabusé. Elle hocha négativement la tête tout en soupirant.
- Vous savez, Lucas Taylor n’est ce pas ? Le fils du commandant…. Ajouta elle en mimant son ton, tout le monde n’a pas un esprit aussi tordu et, de toute évidence, torturé, que le votre ! Il y a encore des personnes qui n’agissent pas dans un double intérêt.
Encore une fois il ne put s’empêcher de sourire face à l’argument de la jeune femme. Il devait bien avouer qu’elle l’amusait même si une partie de lui était agacé par elle. Il ne répondit pas tout de suite et l’observa. Elle n’avait rien de commun avec tous les Shannon dont il avait pus croisé la route… enfin si, elle ressemblait énormément à sa mère Elizabeth Shannon. Mais il avait du mal à la voir comme ses autres ennemis.
- L’expérience m’a appris que les gens ont beaucoup plus d’intérêts qu’ils ne veulent bien l’avouer. Je vous accord que j’ai été un peu ingrat envers vous… petit conseil pour vous prouvez ma gratitude… descendez de votre petit nuage tant qu’il en est encore tant. Le monde n’est pas tout rose. Dit-il avant de s’éloigner.
- Il n’est pas si gris non plus. C’est vous et votre bande de copains qui détruisez tout sur votre passage, et cela uniquement pour vos histoires de familles.
Le jeune homme se retourna instantanément et lui lança un regard noir, se retenant de ne pas l’étrangler. Il était fixé ; elle ne l’amusait plus du tout !
- Je vous interdis de parler de ça ! Qu’est ce que vous savez à propos de moi au juste ?
- Ce que mon père m’en a dit, ajouta t elle d’un ton moins assurée en voyant le regard meurtrier du jeune homme.
- Oh alors dans ce cas ! Se moqua-t-il
- Et ce que m’a dit Sky aussi…
Il lui adressa un sourire moqueur et mauvais.
- Avec tout ca vous pourrez écrire ma biographie ! M’avez-vous déjà cerné docteur ?
Maddy le fixa avant de baisser les yeux en se mordant la lèvre. Il soupira, méprisant, avant d’hocher négativement la tête et de se retourner. Il n’en avait pas besoin de beaucoup plus. Il avait été curieux de savoir qui s’intéressait à ses travaux et lorsqu’il avait vu qu’il s’agissait de la fille Shannon, il avait été intrigué. Maintenant il savait que sa sauveteuse n’était qu’une enfant qui avait simplement obéi à papa et qui en plus se mêlait de se qui ne la regardait pas.
- Pourquoi vouliez-vous détruire Terra Nova ?! lança-t-elle en s’élançant à sa poursuite.
Il ne s’arrêta pas et ne répondit pas.
- Attendez ! Pourquoi ne répondez vous pas ? Ce n’est qu’une simple question. Vous ne croyez donc qu’en l’argent pour…
Bon sang ! Cette fille était plaie ! Il se retourna rapidement. Maddy manqua de le heurter, surprise.
- Vous ne me connaissez pas si bien que ça on dirait. Vous n’avez pas déjà la réponse ?
- Je veux juste comprendre !
- Pourquoi ?! Qu’est ce que mes intentions, mes buts et mes projets peuvent bien vous faire hein ?! Parce que vous m’avez sauvez vous vous croyez mon gardien ?
La jeune fille le fixa et ouvrit la bouche sans qu’aucun mot n’en sorte. Elle pâlit et se sentit gênée. Pourquoi ? Elle ne s’était pas poser la question. Ce qu’elle savait c’est que ces questions la hantaient depuis qu’elle avait trouvé le jeune homme au bord du lac. Elle avait beau se dire qu’il était leur ennemi, son image ne la quittait plus. Ce moment de faiblesse ne la quittait plus. Comme une énigme, elle était persuadé qu’il y avait quelque chose à découvrir. Lorsque Sky lui avait raconté son aventure, suite à sa dispute avec son frère, elle n’était pas parvenue à dissuader la jeune fille ; bien au contraire ! Mais elle devait bien reconnaitre qu’en cet instant, elle se sentait ridicule. Et confortée. Quelque chose brillait dans les yeux du jeune homme ; quelque chose qu’elle reconnaissait comme étant une souffrance. Ou bien était ce elle qui interprétait ?
A nouveau il ne put s’empêcher de fixer le visage de la jeune fille. Même dans ce moment de colère, elle lui inspirait une certaine douceur, une innocence. Il n’y avait aucune malice dans ses questions. Elle cherchait vraiment à le connaitre. Mais pourquoi ? Elle venait à peine de le rencontrer ! La jeune fille détourna les yeux et haussa les épaules.
- Je ne sais pas, avoua t’elle sincèrement. Je crois que j’ai du mal à établir une logique entre l’homme que j’ai vu assassiner le lieutenant Washington et celui que j’ai sauvé il y une semaine.
Il la fixa sans répondre et un eu effrayé. Qu’avait elle vu au juste le jour de son sauvetage. Il était tellement faible qu’il ne lui restait que de vagues souvenirs de cet instant.
- Et ca me fait un sacré mal de crâne depuis quelques jours, acheva t’elle.
Lucas eut un sourire en coin avant de soupirer. Elle aussi allait finir par lui donner mal à la tête. Il avait fallu que ce soit Sainte Theresa qui se porte à son secours, comme s’il avait besoin de ça !
- J’étais conscient et en possession de toutes mes facultés lorsque j’ai fait un trou dans le crâne de cette femme ! dit-il en s’approchant de la jeune femme, je ne regrette absolument pas mon geste. Cela répond t il a vos questions ?
La jeune fille ravala sa salive sans un mot. Il la fixa encore quelques minutes.
- Si vous comprenez aussi bien mes travaux que ma psychologie, je vous conseille d’abandonner sur le champ. Ce sera mon deuxième conseil.
- Comment un homme qui abat froidement une personne peut il, agonisant, montrer une certaine tendresse ? Comment peut-il pleurer ?
Une gifle. Voilà ce qu’elle lui avait mit par ces dernières révélations. Un seau d’eau froide lui aurait, à coté, procurer une certaine chaleur !
- Un simple moment de faiblesse, siffla-t-il.
- Révélateur, continua t’elle.
- De quoi ? Que je sui un homme bon au fond c’est ça ?
- Peut être… à vous de me le dire.
- Vous savez au fond vous en êtes comique.
Lucas se retourna et s’éloigna sur ces derniers mots. Il avait besoin de s’éloigner de cette jeune fille qui commençait à poser un peu trop de questions, et qui, de toute évidence, l’avait vu dans un moment de vulnérabilité. Ce qui lui déplaisait fortement ! Elle ne chercha pas à le rejoindre.
- Comique ou pathétique ! lança-t-il avant de disparaitre définitivement.
Maddy le regarda s’éloigner et fronça les sourcils. Elle se remit à ses calculs sans pouvoir se concentrer. Les paroles de Lucas résonnaient dans sa tête et la décourageait. Son sang se mit à bouillir. Abandonner ? Lui non plus ne la connaissait pas ! Elle allait lui montrer de quoi était capable Maddy Shannon !
A suivre