Je me lève au petit matin, depuis que je suis ici plus de grasse matinée qui se transforme en journée à glander au lit et en nuit blanche, ce nouveau monde est vraiment trop génial pour dormir ! Je suis de congé aujourd’hui, j’ai donc le temps de me promener dans le camp et même en dehors dès que mon père sera partit bosser, alors après un bon petit déjeuner constitué surtout de fruits, je prends ma douche et hop, jean, débardeur, et c’est parti. Sur le marché y’a des tonnes de trucs dont j’ai envie, des couteaux, des machettes, des arc même, je ne résiste pas, je discute avec le commerçant. Je parle couteaux et armes, chasse, j’y connais pas grand-chose sur ce dernier point, mais par contre j’ai toujours eut une passion pour les armes blanches tout particulièrement. Cela dit ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est l’arc, cela dit, avoir un couteau me plairait bien et ça peut être très utile dans plein de situations. Voyant à quel point j’apprécie son travail le vendeur me fait cadeau d’un arc et je lui achète un couteau en plus. Avec ça je suis parée et je peux continuer ma journée, et puis ainsi armée, je peux sortir de la colonie sans risque, enfin, avec moins de risques en tout cas…

Je me précipite vers la maison pour poser tout ça et je suis tellement enthousiasme qu’il n’y a plus rien autour de moi, juste le couteau l’arc et la perspective de m’en servir un peu plus tard, mais pour le moment faut que j’aille cacher ça parce que papa risque de me gueuler dessus, il comprendra très vite de quoi il retourne s’il me voit avec ça. Manque de pot, je n’arrive pas à destination, un véhicule me fonce dessus et freine sec m’évitent de justesse, moi j’ai sauté sur le côté pour l’éviter, je suis pleine de poussière et je me suis fait mal à l’épaule en tombant, je me relève et j’époussète mon pantalon.

« Et toi ! T’as appris à conduire dans la jungle ou quoi ? »

C’est marrant non ? Terra Nova, jungle, j’aurais tout aussi bien pur dire en Russie, mais pas certain que le mec comprenne, quand au coup du permis dans la pochette surprise, c’est carrément une expression démodée, et tant qu’à insulter quelqu’un autant faire preuve d’inventivité. Cela dit en voyant qu’il s’agit en fait de Nikolaï Kowalsky je me ravise, parfois je ferais mieux de réfléchir plutôt que de démarrer au quart de tour, en même temps c’est lui qui a commencé en me disant de faire gaffe quand je traverse. Faut dire, je m’attendais pas à croiser des fous du volants dans le coin, c’est vrai que j’ai pas fait attention, enfin j’essaye de rattraper le coup. M’excuser ? Ah non j’ai pas le temps c’est pas dans mes plans désolé, il aurait autant du regarder la route que moi ce qui était sur le point d’y surgir. Pas que j’apprécie spécialement ce russe blanc ni même que je le connaisse personnellement, mais voila, je c’est que c’est un chasseur, et je veux devenir chasseuse, vous voyez toujours pas le rapport ? Ben j’ai envie de lui demander de m’apprendre, ouais, ça me démange grave même, c’est le moment ou jamais non ? Allé je me lance !

« Heu… Nan tout va bien… Je… Nikolaï ?! »

Je fais le tour de la voiture et m’approche de la portière passager puisque c’est la plus proche, du premier coup d’œil, je remarque le fusil posé sur le siège, faut dire qu’il est tout sauf caché, quand à l’odeur de clope et de bière ainsi que la petite glacière, cela promet un moment encore plus marrant que prévu, mais encore faut-il que j’arrive à le convaincre, à moins que… et si je lui forçait légèrement la main comme je sais si bien faire mode incruste on ! Je lui lance un sourire en coin avant de reprendre :

« Vous allez chasser à ce que je vois ! Je peux venir avec vous ? »

Je n’attends pas vraiment la réponse avant d’ouvrir la portière, de prendre le fusil, de m’installer à côté de lui dans le véhicule qui avait manqué de la renverser quelques secondes plus tôt et de caler l’arme entre mes jambes. La chasse, c’est un rêve, peut-être inaccessible pour le moment, mais un jour j’y arriverais, et le plus tôt sera le mieux, même si j’adore cueillir des fruits, je préfère les manger et puis tout ça manque cruellement d’action ! Je ne vais pas attendre qu’un chasseur daigne me remarquer, c’est à moi de faire le premier pas et pour un premier pas, je trouve que celui-ci est plutôt réussit, s’il me jette dehors, il pourra au moins se souvenir de ce moment, de moi, et de ma motivation ! Tiens mais au fait il me connait déjà, il connaît mon nom de famille, mais mon prénom, peut-être qu’il connaît mon père, j’espère qu’il ne va pas s’arrêter pour si peu…

C’est dur de s’en sortir avec un simple sourire, même si ce sourit, c’est celui de Natasha Kayenko, il parait que j’ai le même que ma mère, j’ai un vague souvenir de ça, oui, mais je trouve que je lui ressemble pas tant que ça. J’en sais rien en fait, ça fait bien longtemps qu’elle n’est plus là et je ne garde que quelques images précises de moments passés avec elle, mais la plupart des souvenirs s’estompent avec le temps, j’en pleurerais. Mais c’est pas le moment, pour le moment je souris, on sait jamais, si ça peut lui faire oublier ma bévue se serait un bon point parce que là je crois que j’ai merdé vu la tête qu’il fait. J’ai trop longtemps vécu en vase clos avec mes potes et mon père je crois, je ne sais pas me tenir avec les adultes, je suis comme avec Keith et c’est une relation très spéciale qui nous unis, à cause de ce qu’on a traversé probablement, ma répartie le fait marrer, d’autant qu’il sait parfaitement que je ne suis pas sérieuse quand je le taquine. Il sait que je l’adore, il sait que j’ai besoin de lui, et il sait aussi qu’après m’avoir abandonnée pendant plus de six mois, il ne fallait pas qu’il s’attende à retrouver l’adolescente presque sage qu’il avait quitté, je lui ai lancé ça à la tronche y‘a pas longtemps. Mais là ce n’est pas papa, c’est un foutu chasseur et il est possible que je me prenne un droite, mais bon, qui ne tente rien n’a rien, et puis j’aime vivre dangereusement.

Il n’a pas tort sur un point, je suis une emmerdeuse, mais je déteste qu’on me le dise, je lui lance une regard assassin avec plein de cheveux avant de repenser à la connerie que je viens de faire et de me dire de pas refaire la même, à savoir monter sur mes grand cheveux, m’énerver pour un mot mal placé et tout foutre en l’air c’est pas du tout le moment… Je suis une emmerdeuse, c’est certain, mais pas tous les jours, enfin… je peux faire un effort, surtout s’il veut bien m’enseigner à chasser, putain ouais, s’il veut bien m’apprendre, je serais sage comme une image et j’écouterais tout ce qu’il dit, que dis-je je boirais ses paroles ! Non il ne peut pas me jeter de la voiture, il ne doit pas, je ne veux pas qu’il me foute dehors, il FAUT qu’il m’emmène avec lui, je dois tout faire pour le faire changer d’avis, je réplique donc :

« Je vous promets que je serais sage, j’obéirais au doigt et à l’œil ! »

Il récupère son arme que j’avais calé entre mes pieds, canon en l’air posé sur ma cuisse vu que j’étais assise à la place qu’elle prenait avant, il a pas l’air d’avoir changer d’avis, j’essaye un nouveau truc, j’ai pas le choix, je suis déjà allée trop loin, et s’il me balance à papa je suis gravement dans le mouise, je ferais n’importe quoi pour qu’il veuille bien m’apprendre à chasser, s’il se mouille avec moi il pourra plus rien dire à mon sergent instructeur de père et en plus j’aurais un prof, un mentor, que dis-je un Dieu ! Joignant mes mains, je me retourne vers lui et l’implore

« S’il vous plait emmenez-moi ! S’il vous plait, s’il vous plait, s’il vous plait, s’il vous plait ! »

Après cette démonstration débile, je me calme, consciente qu’en fait, je suis encore plus chiant quand je fais ça. Je passe mes paumes sur mon jean pour reprendre contenance avant de reprendre sur un ton plus posé :

« Et j’arrêterais de parler… »

Un nouveau sourire, un grand sourire un peu débile, genre j’arrête de chialer comme une gonzesse, mais je t’en supplie, prend moi avec toi avec des yeux de chat affamé, et puis je repasse vite fait ne mode Kayenko, ce regard décidé, qu’il se le tienne pour dit, j’en démordrais pas, s’il me jette dehors je m’accroche sous la caisse ! A force soit il me tue, mais il sait que mon père le tuerait aussi, soit il me prend sous son aile et il ne sera pas déçu, ça non je suis une warrior moi, je gère trop, et puis j’apprends vite, tout le monde le dit…

Quand il me dit que finalement il accepte je n’en peux plus de joie, je manque de crier ma bonheur, mais au lieu de ça, je lui saute au cou et je lui fais un gros bisou sur la joue avant de me reprendre encore une fois un peu tard, je m’éclaircis la voix et je réponds comme si de rien n’était. Quand à sa colonie de raptors, même pas peur, j’ai envie de dire, il n’oserait pas si ? Et puis quand bien même je sais très bien me débrouiller toute seule !

« Promis…. Merci… »

Je regarde son pouce et je comprends avant même qu’il ne finisse sa phrase, j’aurais dix-huit ans dans quelques mois, et puis ici même les mineurs sont libre et travaillent, putain, pourquoi je suis pas encore majeure, trop relou quoi, mais bon, j’obtempère presque de bon cœur en passant par-dessus la banquette tant bien que mal. Je m’installe le plus confortablement possible, c'est-à-dire pas top et je me couvre avec la couverture, une vraie mission d’infiltration putain trop cool ! Il est trop cool ! On s’arrête, j’entends des voix, ça doit être les gardes, je flippe un peu, mais je me demande bien pourquoi parce que les chances pour qu’on nous contrôle à la sortie sont infime voir carrément inexistantes. On redémarre, voila, je suis dehors, ce n’est pas la première fois cela dit, mais là, c’est pour chasser et en plus de ça on a une caisse, à boire, bref, c’est le paradis ! Je l’entends sifflé, ça doit vouloir dire que je peux sortir de sous la couverture, j’allais pas tarder de toute façon, ça gratte à moitié ce truc et puis avec les bosses de la route et le fait qu’il ait grandement accéléré, je suis brinquebalée dans tous les sens et je serais bien mieux sur le siège. Je repasse donc à l’avant et je m’installe, on est bien mieux assise sur un siège que derrière, et puis j’hésite, j’ai carrément envie d’une bière, et puis l’odeur de la clope me rappelle quelques bons souvenirs, j’ai envie de lui en demander une, enfin à la base je me serais bien servie sans rien demander du tout, mais j’ai promis d’obéir et de me taire, ça va pas être simple de s’y tenir. Mais rapidement il me propose, je savais bien qu’il était cool ! J’arrête de fixer la glacière et je tourne la tête vers lui avant de lui sortir mon petit sourire de la mort qui tue, celui en coin, le plus espiègle que j’ai en stock, et côté espièglerie, je m’y connais assez.

« Il parait… »

Je hoche la tête avant de prendre une clope retirer la sienne de ses lèvres allumer la mienne avec la sienne et lui recoller dans le bec, puis j’attrape une bière, je la décapsule en utilisant un rebord du véhicule et je mets mes pieds sur le tableau de bord et commence à siroter à la bouteille. J’adore la vie, c’est vraiment génial, celui qui a inventé l’alcool et la clope devrait avoir le prix Nobel, je savais même pas qu’on pouvait avoir du tabac sur Terra Nova, mon père a dit que ça me ferait le plus grand bien d’arrêter, va falloir que je trouve un moyen pour qu’il ne me grille pas, bonbons à la menthe et tout le bordel et surtout pas devenir accro au point de pas pouvoir m’en passer et de devoir fumer dans le camp. Totalement faisable, la discrétion c’est génétique. Je le regarde avec ce même petit sourire que tout à l’heure, j’aurais deux trois trucs à lui montrer, mais pas tout de suite, on verra plus tard, je le connais pas assez et je ne sais pas s’il apprécierait ce genre de délire…

« Merci, c’est cool… Mon père s’imagine que j’ai jamais bu une goute d’alcool parce que je suis mineure. Han, trop marrant, le mec me laisse six mois toute seule dans un dôme, mais il faut quand même que je respecte les règles… »

Le trajet continua quelques minutes en silence, j’étais sur un petit nuage et du coup je ne pensais pas trop à parler, en plus pour quoi dire, la vie d’une ado n’intéressait certainement pas Nikolaï, et puis d’une certaine manière elle en avait déjà trop dit sur sa vie, elle n’aimait pas parler d’elle, ni de son père, n i de leur relation, ni de rien, c’était bien plus facile de parler alcool, clopes, drogue, cul, ou n’importe quoi que de parler de soi. Elle fut surprise quand il lui parla en Russe, et aussi surprise de comprendre, elle n’avait donc rien oublié de son petit séjour dans les bas fonds de Volgograd.

« Это круто. Он пытки новое, поэтому он придерживается меня по крайней мере поезд наконец ... если хотите, но я с. »
Il est à la cool. Il martyrise la bleusaille, du coup il me colle moins au train, enfin... si on veut, mais je fais avec.

Je regarde mon interlocuteur en levant un sourcil, je ne sais pas ce qu’il sait sur mon père et encore moins ce que je peux lui dire, il est Russe, pour de vrai je crois, genre pas un américain d’origine russe, un mec qui est né et à toujours vécu là bas, et mon père était un infiltré, en même temps tout ça c’est du passé, enfin du futur, mais quand même... Putain, j’espère qu’il était dans de meilleures conditions que nous parce que si non le fait qu’il soit en vie est un miracle, enfin cela dit c’est un chasseur, survire dans les pires conditions il doit savoir faire.

« Вы знаете, что он делает, прежде чем прибыть на Terra Nova? »
[Tu sais ce qu'il faisait avant d'arriver sur Terra Nova ?

C’est marrant, parler cette langue que je n’ai pas utilisé depuis tant d’années me rappelle maman, je crois que j’ai les mêmes intonations qu’elle, des vraies intonations Russes avec un petit accent Ukrainien qui vient de papa, comme j’ai aussi la même voix qu’elle, c’est presque comme si je l’entendait parler, sauf que c’est moi qui parle, je me perds un peu dans cette pensée étrange et dans les sentiments qui vont avec la remonté des souvenirs de cette époque, durs, sauvages, mais bon, parce qu’elle était là…

Effectivement sergent instructeur ça prend du temps, surtout qu’en l’absence d’un prof digne de ce nom jusqu’ici, d’après lui, les nouveaux sont des gros nuls qui manquent non seulement de tripes mais aussi et surtout de technique. Il est tellement obsédé par son job qu’il m’en parle même après de longues heures à l’exercer, totalement monomaniaque le mec, mais je l’aime c’est mon papa chéri, en plus j’aime bien l’écouter déballer ses histoires. Parfois il pète un plomb tout seul, il s’emporte et moi je l’écoute en souriant et quand je veux qu’il se taise je lui apporte un truc à manger ou une bière, ça marche toujours. Sauf qu’après, il a tendance à me demander comme c’est passé ma journée, ce qui ne m’arrange pas tellement je dois avouer. Je n’aime pas trop lui mentir, je préfère omettre certains trucs, rester évasive, je suis une ado après tout, et puis comme ça j’ai moins de chances de me contredire, et ça il le remarquerait direct. Mais quand y’a trop de trous dans mon emploi du temps, il faut bien que je meuble si non il va se rendre compte qu’il y a un truc qui cloche, d’où le fait que je préfère qu’il parle de lui et de ses petits bleus.

Merde, il ne sait rien, s’il avait su j’aurais pu lui en parler et voir ce qu’il en pensait, qu’il me le dise ou non, ses expression aurait pu le trahir au moins, mais là s’il ignorait que papa était agent double pour les Etats-Unis depuis… depuis toujours en fait, ça coupait court à toute investigation de ce côté là. C’était un peu compliqué de le lui avouer de but en blanc genre, tiens au fait mon père a combattu ton pays avec beaucoup d’efficacité grâce à nos origines, ouais non ça le fait pas. De une, il pourrait le prendre mal et me jeter de la caisse, de deux, il pourrait le prendre mal et se mettre à détester Keith, de trois, c’était le genre d’info un peu sensible qu’il ne fallait pas divulguer à tout le monde, dixit le patriarche lui-même, ce qui signifie ferme la. Quand à savoir pourquoi il ne veut pas que je m’épanche sur le sujet, j’ai plusieurs hypothèses, les agents doubles ont toujours mauvaise réputation parce qu’on ne sait jamais pour qui exactement ils sont agent, il y a anguille sous roche et cette fameuse dernière mission dont il n’a rien voulut me révéler me fait penser que c’est le cas, et enfin, il est totalement parano à force d’être sous couverture tout le temps. Probablement un peu les trois à la fois, ah papounet. Bref, je me contente de me taire pour ne pas relancer le sujet, on verra bien s’il me pose des questions, je pourrais toujours mentir, même si ma question en dit plus long que je n’aurais voulut, il me regarde et le lui fait un petit sourire en priant pour qu’il ne se doute de rien…

« Règle numéro un, clopes et bières, règle numéro deux zik. Copy That. »

Mais c’est quoi cette musique ?! Trop bizarre sérieux, la prochaine fois j’apporterais mon baladeur, je pourrais même essayer de lui faire écouter de la vraie musique. Enfin on a pas le même âge, normal qu’il aime pas les mêmes choses que moi, cela dit moi j’écoute beaucoup de trucs que m’a fait découvrir papa. Passons, baladeur et on verra s’il est ouvert à mes propositions de son ou non, et si non, je ferais avec hein, quand je serais chasseuse et plus apprentie clandestine, je pourrais avoir MON véhicule et MA musique, mais pour le moment, moi aussi je suis une bleue, donc je me plie aux volontés du chef, c’est la loi.

« La musique je suis pas sûre… Mais en tout cas ça a l’air cool la chasse, encore plus que ce à quoi je m’attendais. »

Je reste bouche bée devant la splendeur qui s’étant maintenant sous mes yeux, la plaine, les animaux du Crétacé, des herbivores qui paissent là et semble ne même pas se soucier de la voiture qui vient d’arriver, n’ont-ils pas encore appris à se méfier des humains ? Quoi qu’il en soit, c’est magnifique, je suis subjuguée, c’est un coin que je ne connaissais pas encore et franchement rien que pour ça, sa valait le coup de me faire traiter de gamine et d’écouter les chansons préférées de Niko. Il se gare sur un petit monticule et monte sur le toit, je le suis, je reste debout plusieurs minutes pour observer le terrain, les alentours, mais surtout pour mieux voir la beauté de l’endroit et du spectacle qui se joue ici, un troupeau de brachiosaures avance lentement au loin, plus près, une famille de tricératops paissent avec plusieurs petits, à la lisière de la jungle de l’autre côté, on aperçoit deux stegoceras qui se battent, plusieurs parasaurolophus remontent la vallée en courant vers un plan d’eau sur leurs deux puissantes pattes arrières, ils sont drôles avec leur crête osseuse…
Niko me sort de mes pensées avec une remarque sur laquelle je me dois d’ironiser. Je prends une mine désolée, comme si j’étais hyper déçue de la nouvelle et je réplique sur un ton presque crédible :

« Dommage ! J’adore pourrir la salle de bain du bungalow avant que papa revienne. »

Je me marre doucement et je m’assois pendant qu’il sort son joint, je suis surprise, moi qui pensait que les vieux ça fumait pas, ben celui là est vraiment spécial, il boit, il fume, il est vraiment trop marrant en fait, j’ai bien fait de m’incruster, c’est définitif. Ca fait pas mal de temps que j’ai pas fumé, j’ai pas touché à l’herbe depuis que mon père m’a grillée et fait son Kayenko, j’ai rien touché pendant six mois tellement il m’a fait flippé. Quand il est vraiment énervé, c’est pas le genre à crier, tant qu’il gueule c’est que tout va bien. Par contre s’il se tait et qu’il te regarde comme si tu avais tué le président, là il y a de quoi avoir peur, ça te vrille les tripes et tu repars mine basse en te promettant de plus jamais le décevoir. Bien sûr tu recommence un jour ou l’autre, mais tu te débrouille pour pas te faire attraper, et tant qu’à prendre le risque de te faire tuer sur place par ses yeux glacials et son silence, tu testes d’autres choses, pour voir. Quoi qu’il en soit, quand Nikolaï me tend le joint, je le prend et tire doucement dessus, seulement deux trois lattes et je lui repasse, faudrait pas abuser des bonnes choses, plus ça va plus je me dis que c’est bien sympa d’être à la cool pour chasser mais quand même c’est risque, y’a des prédateurs qui peuvent nous tomber dessus et je doute que le THC soit le meilleur booster de reflexe.

« Nan mais je comprends pas, comment tu te fournis tous ses trucs, je savais même pas qu’on pouvait acheter des clopes, mais alors ça !? »

J’ai posé mon arc à côté de moi et je profite du soleil et du paysage assise à peu près dans la même position que lui mais de l’autre côté. Lorsqu’il me présente son arme, je tend la main dans l’espoir qu’il me la file, juste pour tâter quoi, juste pour tester la visée, je veux pas spécialement tirer, juste sous peser la bête la sentir entre mes mains, c’est un fusil magnifique, un sacré calibre d’ailleurs. Mais à priori il n’a pas l’intention de me la filer, à moins qu’il n’ait pas remarqué le regard plein d’envie et le geste timide que je viens d’esquisser. J’avais déjà remarqué que je ne faisais pas le poids avec mon pauvre arc tout pourrit, mais je commence en fonction de mes moyens et clairement je ne peux absolument pas avoir plus, déjà que c’est une aubaine que j’ai eut les flèches et l’arc pour l’achat du couteau, et ce sans même avoir essayer d’arnaquer le vendeur en plus ! Enfin bref, un jour peut-être mais comme je ne suis même pas encore vraiment chasseurs peu importe, et puis l’avantage d’un arc c’est que ça fait moins de dégâts si je ratte ma cible, ouais j’avoue dis comme ça ce n’est pas très rassurant en fait.

« Ouais, il a l’air top, ça aussi faudra que tu me dise comment tu l’as eue. »

Après avoir réussit à arrêter de bugger sur le MC-80, je regarde enfin dans la direction que semble indiquer le canon du fusil et j’observe, mais je ne vois rien à cette distance, j’ignore totalement ce qu’il peut bien viser. Et là, il se passe un truc que je n’avais pas prévu, un truc fou fou fou, un truc que je suis pas prête d’oublier… Nikolaï me tend l’arme et me dit de m’occuper d’abattre notre proie, je le regarde comme s’il il venait de dire qu’il y avait des éléphants roses, la bouche à moitié ouverte en tendant quand même la main pour attraper l’arme mais au ralentis. J’ai l’impression d’être dans une boite à cotons et ce n’est pas le cannabis qui me fait ça. Je suis surprise, hyper contente, presque honorée, mais y’a autre chose. C’est… putain de merde ! Je flippe en fait! J’ai peur de merder et qu’il se moque de moi ! C’est débile ! Non mais j’hallucine quoi ! C’est pas la première fois que je tire, bon certes jusqu’ici mes armes étaient nettement plus petites et légères, ouais je peux le constater je viens d’attraper le fusil et de me reprendre juste assez pour sourire un peu et sortir un « Coooooooooooooooool » totalement débile de ma bouche. Et puis même si je foire quoi, il va rire, peut-être et encore pas sur, après tout il sait très bien que c’est la première fois ! Arrête de te mettre la pression pour rien ! Ok, arrête de te chier dessus et bouge ton cul de gonzesse, hop hop hop !

Je l’épaule, c’est pas tout à fait adapté à ma taille, mais je ferais avec, je mets tout de même quelques seconde à trouver une position confortable avec ce truc dans les mains, pour le coup, j’ai dû me lever. Le mystérieux russe me désigne un endroit, j’essaye de le repérer avec la visée, je cherche en écoutant les instructions, je suis concentrée, je régule ma respiration, et je l’entend me dire de le faire, ça me met à moitié en rogne. Oui ça je sais ! Je te rappelle que mon père est un putain de militaire ! Je me stabilise en écartant légèrement les jambes, la tête penchée, l’œil dans la visée. Six cent mètres, trois cornes… Je l’ai ! Je souris. La tête ou le cœur… Vu la position de l’animal, la tête se serait moins périlleux. Comment ça c’est un détail ? Pas du tout non ! En plus si je le ratte ça va affoler tout le monde et je risque de plus pouvoir l’achever et on devra peut-être déguerpir assez vite pour pas se faire écrabouiller dans al panique… J’ai un peu perdu le fil avec cette dernière pensée, je réajuste le fusil sur mon épaule je me remets à l’aise, je vise, j’attends qu’il s’immobilise, je prend tout mon temps et tant pis s’il est pas content. La tête Je bloque ma respiration et je tire. Malgré le fait que j’ai contracté mon épaule, le recule est puissant, je perds l’équilibre et je tombe du toit de la voiture avec le fusil, ai-je touché ma cible ou non j’en sais rien, j’ai putain de mal à l’épaule, et pas que vu que je viens de m’écraser par terre. Je me relève je récupère l’arme, je vérifie qu’elle na pas de dommage.

« Ca va ! Tout va bien ! »

Je pose le fusil sur le toit et entreprend de remonter, je tends le bras droit, et la douleur me lance, je serre les dents, mais je peux pas m’empêcher de poser mon autre main sur l’articulation endolorie. C’est le métier qui rentre, je remonte, décidée à faire mieux la prochaine fois. Peser cinquante kilos à quelques inconvénients, dont celui d’avoir la peau sur les os et donc rien pour amortir ce genre de chocs…

« Je l’ai eut ? »

Heureusement je n’ai pas vu Niko commencer à polluer notre nouvel environnement avec le cul du joint, cela dit un peu d’herbe et de tabac, un carton et du papier, il y a des pollutions bien pires, mais je n'aurais certainement pas apprécier. Quoi qu’il en soit je suis bien trop concentrée sur mon tire pour voir ce qu’il fait, donc cible, vise et shoot bab’…

Mais je n'ai pas eut le temps de profiter de ma magnifique victoire, mon headshot, le fusil est puissant, encore plus que je ne l’avais imaginé et le recul m’a propulsé si fort en arrière que j'en ai perdu l’équilibre et en essayant de me rattraper en reculant, j'ai mis le pied dans le vide. Sentant qu’il n’y avait rien dessous, j'ai donné une petite impulsion sur mon autre jambe pour éviter de tomber à la renverse et d’atterrir sur la tête, mais dans le déséquilibre, au lieu d’arriver sur mes pieds comme prévu je suis arrivée sur les fesses et le dos mais j'ai néanmoins put rouler pour éviter de se faire mal. En bonne fille de soldat, j’ai gardé le fusil serré entre mes petites mimines comme un lingot d’or et l’ai protégé de tout choc, il n’avait donc rien et moi non plus à part quelques futurs beaux bleus sur la fesse droite, la hanche et sur l’épaule où avait appuyé directement le fusil pendant le tir ainsi que beaucoup de poussière sur mes vêtements.

J’ai, par la même occasion, raté les félicitations façon Nikolaï mais je remarque sans peine que celui-ci est plus inquiet pour l’état de son arme que le mien, je comprends totalement et puis après tout, si je suis parvenue à me relever toute seule c’est que je vais bien, et puis il n’est pas mon père, et il m’a prévenue, il n’était pas là pour faire du baby-sitting, et toute fluette soit-je, je suis pas du genre à me plaindre au premier bobo. Quand au fait qu’il se moque de moi, si ça avait été moi à sa place je serais juste pliée en deux, d’ailleurs ma chute était plutôt drôle si on omet je j’ai mal au cul, je ne lui en tiens pas rigueur et saisit les jumelles pour les porter à mes yeux et les braquer sur l’endroit où était le centrosaurus quelques instant plus tôt, il n’y était pus mais je constate avec satisfaction en baissant un peu la visée qu’il était bel et bien mort. Un sourire se dessine sur mes lèvres et en baissant les jumelles je fais une danse de la victoire qui ressemble à un moon-walk raté ou à une des ce chorégraphies de tube de l’été des années 2120.

Une fois calmée je m’apprête à regagner l’intérieur du véhicule pour aller chercher le gros steak tombé pour l’humanité mais le russe reste assis tranquillement et juste au moment ou j’ouvre ma bouche pour lui demander ce qu’il attendait, il répond de lui-même. Attendre ? Attendre quoi ?

« Mais tu comptes le laisser le manger en entier ? Naaaaan. On pourrait ramener les deux, les deux ça serait bien ! Plus d’argent et plus de viande, et pas de gâchis ! »

Je grimace.

« Et puis c’est pas un peu dangereux ? Enfin je veux dire un carno ça va mais s’ils viennent en groupe, on sait jamais à quel genre on va avoir à faire… »

Après une petite mise au point à ce propos, la conversation avait dérive rapidement sur la façon dont il se procure toutes les choses extraordinaires qu’il possède. Je suis très intéressée de savoir que je peux tout trouver à Terra Nova, même ce que j’aurais cru impossible d’avoir dans cette gentillette petite colonie de bisounours. Il doit y avoir en dehors de la place du marché un circuit parallèle avec toutes les marchandises interdites, et ça, je n’aurais jamais pu l’apprendre par un des jeunes avec qui elle aimait passer du temps ni par son père. Il lui faut un homme d’expérience qui n’a pas froid aux yeux et elle était définitivement tombée sur la bonne personne, malgré ses défauts qui se comptent à la pelle, il faut le souligner, malgré le fait qu’ils soient loin d’être d’accord sur tout, il est bien utile. Normal, il est là depuis bien plus longtemps que moi et je pourrais apprendre beaucoup de choses grâce à cette relation, en plus il a le mérite d’être drôle et facile à cerner : tout pour les tunes et le reste on s’en fout. A soigner donc, mais soigner ne signifie pas plier…

« Je veux un fusil comme le tiens ! »

Le concept de petit boulot était totalement passé à la trappe, enfin non, j’avais entendu, mais je me fichais pas mal de ce qu’il me demanderais, je veux un fusil, et je n’ai pas la patience d’attendre de recevoir assez de terras des fruits de mon dur labeur, et puis bosser pour lui se serait un bonne manière de le garder assez proche pour en apprendre le plus possible sur la chasse évidement, comme aujourd’hui, mais sur tout ce qui se trame à Terra Nova par la même occasion. Par contre, il faudra que je monnaye mes petites découvertes, s’il est tellement intéressé par l’argent, il sera probablement très content d’apprendre qu’il peut vendre lui aussi des petits sachets de drogues tout à fait intéressantes, trop content pour que je lui donne l’info gratuitement, on n’a rien sans rien après tout !

« Mon père est loin de tout savoir sur moi… »

J’ai un sourire espiègle en le regardant du coin de l’œil. Mais ma joie est de courte durée car Nikolaï commence à poser des questions sur Keith et ça, ça n’est pas pour me plaire, il faut que je mente et je n’aime pas ça, mais je ne peux pas tout révéler sur mon père sous prétexte qu’il est un bon vivant et plutôt sympa dans son genre. Papa Kayenko a dit de se taire sur ce point très précisément –comme par hasard ses activités en Russie qui sont plus ou moins l’objet de la question de son interlocuteur - et je compte bien obéir, un fois n’est pas coutume. En fait, si je suis effectivement une enfant rebelle et libre, je l’aime et ne veux pas lui attirer des ennuis et encore moins le trahir.

« Ma mère en venait et sa famille lui manquait, elle voulait les retrouver. »

Une bière et quelques taffes sur un joint sont loin de suffire à faire tomber toutes mes barrières, d’autant que j’en ai tellement peu qu’il est pus facile de les garder bien solides, et j’ai un mensonge tout prêt pour cette question. Tout le reste est permis et même conseillé, mais se montrer déloyale envers son père ne l’est pas, ça et le sexe, mais le sexe c’est surtout parce que ça me fait flipper et qu’aucun mec ne m’a vraiment donné envie de rester assez longtemps pour que je puisse avoir l’occasion de me laisser aller...

J’ai promis d’obéir, mais là tout ce que j’ai envie de faire c’est de lui envoyer une patate pour l’endormir et de rentrer avec le Centosaure, enfin je n’ai clairement pas les moyens de l’allonger en une droite, et ça risque de plutôt mal tourner, genre il me laisse là et moi je me fais bouffer. Alors certes j’aime Terra Nova, j’estime qu’il faut respecter les animaux et tout et tout, mais je ne compte pas crever pour autant. En plus papa ne sait pas où je suis donc il ne viendra pas me sauver et quand il apprendra il sera furax de savoir que j’ai désobéit niveau chasse, que je suis sortie du camp sans l’en avertir et que j’ai suivi un quasi inconnu. Si je suis pas morte, il me tuera, et si je suis déjà morte il me re-tuera, et ensuite il tuera Niko, ça pourrait-être une solution pour éviter ce genre de plan à la mord-moi le nœud cela dit, mais un peu trop risqué, on s’en tient là pour aujourd’hui, et puis même si c’est un gros con et qu’il a rien compris à la vie et à la chance qu’on a d’être ici, il m’a quand même emmenée, faudrait pas que je l’oublie, il n’avait aucune obligation et il m’aide à apprendre à chasser, donc finalement je veux pas qui meurt...

« Ouais ben… tu sais c’que j’en pense ! Et puis… voila ! La prochaine fois que tu prépare un coup de ce genre, ne… Bref, je cautionne pas, mais maintenant que je suis là… voila. »

Il faut bien que je me rende à l’évidence, ça n’est pas lui qui m’a amené ici, enfin si, dans les faits, mais j’ai tout fait pour et maintenant je me retrouve dans une sale situation mais c’est entièrement de ma faute, quoi qu’il en soit, je peux toujours dire ce que je pense, peut-être même que j’arriverais à lui faire prendre conscience que son attitude était pourrie dans un monde comme celui qui leur était offert. Ouais en échange de son aide, je vais faire ça, lui montrer qu’on peut agir autrement pour le bien de tous et l’aider à devenir meilleur.

« C’est aussi comme ça que ça a commencé sur terre, et comme ça qu’on est arrivé à foutre la merde jusqu’à plus pouvoir vivre en 2249… C’est bien dommage que tu saisisse pas le cadeau qui nous est offert, une deuxième chance, il faudrait pas tout gâcher avec un comportement qui nous mène droit à la catastrophe… »

C’est vrai que du haut de la butte nous sommes relativement en sécurité, mais nous n’avons qu’un fusil pour deux et si une bande de Nykoraptors vient nous encercler nous aurons bien du mal à nous en tirer indemne, et là encore mon père me tuera si je ne suis pas déjà morte bouffé par ces sales bêtes. Je ne peux pas me permettre de ne pas rentrer entière à la colonie et si possible pas trop tard si non le Kayenko va remarquer mon absence et demandera des comptes. A ce propos, en arrivant à Terra Nova, Keith m’a fait tout un topo sur les dinosaures dont il faut se méfier, ceux avec lesquels il n’y a rien à craindre etc, papa me connaît assez bien pour savoir que je ne vais pas rester sagement derrière les barrières, c’est d’ailleurs pour ça qu’il m’a entrainé à tirer depuis que je peux tenir une arme et qu’il c’est débrouillé pour que je garde la machette même en dehors de heures de boulot. Je répond donc d’un ton assuré :

« Je sais que les Carnos ne chassent pas en bande, mais les Nykoraptors et les Ovosaures oui ! Et les premiers suivent souvent les grands prédateurs et n’hésitent pas à attaquer l’homme ! Mais peu importe, je n’ai pas peur, et c’est pas le problème, le problème c’est que c’est du gâchis et que je ne peux pas accepter de participer à ça ! »

Je grogne, je ne suis vraiment pas d’accord pour faire ça, mais j’ai promis d’obéir et si je continue à être chiante, il va me jeter et il est bien capable de me laisser ici, je serais vraiment dans la merde. Il faut que je trouve une solution qui satisfasse tout le monde.

« Vous pourriez prendre celui là pour aujourd’hui en prélever un bout et demain vous repartiriez avec cet appât pour chasser un carno ! »

Je suis très fière de mon idée, je souris à pleines dents mais je refuse la bière qu’il me propose, je suis trop remontée pour boire tranquillement comme si de rien n’était, avec de tels principes, on va détruire Terra Nova comme on a détruit la terre avant ! Certes ils sont très nombreux et pour le moment on ne peut imaginer mettre en péril aucune des deux espèces, mais la population de la colonie va croitre et avec elle ses besoins en viande, si tous les chasseurs font ça, en quelques générations on ne trouvera plus rien à manger. Non c’est contre mes principes, je ne peux pas le laisser faire.

« Niko ! »

Je saute en bas du véhicule pour ramasser le mégot avant de me rendre compte que ce n’est pas le premier. Je ramasse tout et mets ses choses puantes dans mes poches, je vais peut-être me faire griller par papa, mais peu importe, c’est vraiment trop degeu.

« Putain de Russe dégénéré ! On est sur une nouvelle terre, une seconde chance nous est offerte et toi tu reprends toutes tes mauvaises habitudes, tu pollues, tu tues sans réfléchir ! Je peux pas bosser avec toi, c’est pas possible à moins que tu ne changes tes habitudes, mais là je suppose que je peux toujours rêver hein… »

Je suis bien remontée et le fait qu’il me dise que ce n’est pas une arme pour ado n’arrange rien, après tout je l’ai utilisé et j’ai touché ma cible avec un peu d’entrainement j’arriverais à faire avec le recule et alors j’aurais une arme super et plus de bleus sur l’épaule. Bof, il n’a pas tort, mais je serais bientôt plus une ado, et puis d’ailleurs avant d’avoir 300 terras, c’est sûr j’aurais au moins 20 ans. Je le regarde sans un mot mais avec des yeux qui en disent long sur mon incapacité à appréhender le temps qu’il me faudra pour réunir une telle somme.

« N’empêche je l’ai eut le Cento ! Et du premier coup Môsieur. Alors l’ado elle n’est pas si nulle que ça et elle se dit que ce truc est carrément taillé pour elle tu vois… »

J’ouvre de grand yeux, il vient bien de dire ce que j’ai entendu, 300 terras, ben putain…

« Quoi ?! Il est en or massif ou quoi ton fusil ?! Il est bien mais quand même 300 terras ça me parait beaucoup franchement. Allez, un prix d’ami et j’arrête de dire que t’es un connard de russe dégénéré… »

Je souris, c’est sur qu’avec les mots échangés il va pas me faire de cadeau, mais bon rien en voute d’essaye de détendre l’atmosphère hein ! Alors qu’il énumère les choses que Keith ignore sur moi, mon sourire s’élargit et je finis par répondre simplement et sur un ton calme : « Entre autre oui… » En réalité ça se résume plus ou moins à ça, et les autres drogues évidement je n’ai pas encore fait de trucs très méchants finalement, en même temps je suis une gentille rebelle, pas une bad girl, je ne vois pas bien ce que je pourrais faire de pire franchement.

Niko évoque la famille je hoche la tête et prends finalement une bière, l’attente promet d’être longue et malgré le fait que je sois catégoriquement opposée à cette technique de chasse, je ne peux pas rentrer à pied à la colonie, il faut donc que je fasse profile bas le temps de finir cette après-midi et ensuite j’aviserais. Je prends volontiers le joint, et par reflexe le fusil aussi, mais je le lui retends aussitôt et le regarde sans un sourire, les sourcils même un peu froncés, je fais non de la tête.

« Je restes là parce que j’ai pas le choix, mais tu me feras pas tirer sur le Carno… Après tout c’est toi le chasseur… Sans foi ni loi… Et moi je fais pas quelque chose quand je suis pas d’accord avec le principe ! »

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