En fin de nuit, il ne restait jamais grand monde au bar de Kara. Quelques habitués s’endormaient, ivres morts, sur les tables, et des joueurs qui ne voyaient pas passer l’heure continuaient leurs parties de cartes jusqu’à ce que je vienne leur dire qu’on fermait. Kara me laissait faire la fermeture seule, de temps en temps. Les autres fois, ce n’était pas par manque de confiance en moi qu’elle restait jusqu’à la fin, mais je supposais que c’était parce que, tout comme moi, elle aimait être ici. Je me sentais chez moi dans cet endroit, même s’il n’avait pas beaucoup de points communs avec le bar où je vivais, enfant, à Détroit. Rien ici ne pouvait me rappeler ma ville natale. Le seul point commun entre Détroit et Terra Nova, c’était qu’ici ou là-bas, quand on perdait un être cher la douleur était la même. Et quand on aimait, on aimait aussi de la même manière.
Penser à l’Amour, avec un grand A, me faisait toujours aussitôt penser à Dean Anderson. Et m’interroger sur les sentiments que je pouvais ressentir envers lui. Je ne savais pas trop comment les définir. Etait-ce bien de l’amour ? J’en doutais. Je ne savais pas, au fond, parce qu’il y avait toujours en moi cette recherche de liberté, ce besoin d’indépendance, plus fort que tout le reste, qui venait me dire comme une petite voix alliée à celle de ma conscience, que je ne devais pas aimer Dean. Je ne devais pas l’aimer si je voulais conserver ma liberté et mon libre arbitre dans cette guerre contre les Sixers dont tout le monde parlait. Parce que si j’aimais Dean, étant soldat il devrait s’engager dans cette guerre et je ne pourrais que le suivre. Je préférais autant que possible me tenir loin de toute affaire politique et de tout conflit.
On pouvait trouver cette prise de position, anti-conflictuelle, plus ou moins amusante quand on en savait un peu plus sur moi. Mon esprit de contradiction cherchait continuellement à entrer en opposition avec quelqu’un ou quelque chose, et je vouais une haine viscérale à l’autorité. Ce qui pouvait également être paradoxal puisque Dean était l’un de ses représentants à Terra Nova. Et qu’Eckart aussi.
Eckart. Je détournais la tête lorsqu’il entra dans le bar, pour ne pas croiser son regard. Si je l’avais regardé, je me serais aussitôt mise à l’injurier pour qu’il s’en aille. C’est en tout cas ce que ma morale aurait voulu que je fasse, parce que je savais très bien comment allait se terminer la nuit. Comme mardi dernier et comme celui d’avant. Ce serait le troisième mardi où Eckart viendrait me voir, à l’heure de la fermeture, pour me sauter dans l’arrière-salle. Et ce serait le troisième mardi où je ferais semblant de le repousser, pour la forme et pour avoir meilleure conscience vis-à-vis de Dean, avant de finalement me laisser sauter et y prendre, oh bon sang, un plaisir dingue !
J’éprouvais pour Eckart des sentiments conflictuels. Nous nous croisions parfois la journée, dans la colonie, et faisions alors comme si nous nous connaissions à peine, échangeant quelques banalités d’usage. Parfois, nous nous retrouvions quelque part, seuls, pour discuter et refaire le monde à notre façon, bavardant ainsi pendant des heures, nous confions tout ce que nous avions sur le cœur et plus encore. Il était la seule personne à qui j’acceptais de confier quel traumatisme j’avais subi en arrivant à Terra Nova, mes deux mois de coma (février et mars), mon réveil brutal en avril où j’avais pris un nouveau départ ici. Moi qui étais si nostalgique de mon Détroit de 2149. Et les mardi soir, il venait au bar, je faisais semblant de lui résister et puis, nous passions la nuit à nous envoyer en l’air, dans le plus grand secret. Notre amitié et notre aventure sexuelle étaient toutes les deux secrètes, on nous croyait de simples connaissances, assez vagues. C’était mieux ainsi. Je ne voulais pas que Dean sache ce qui se passait entre Eckart et moi.
Avec Eckart, ce n’était pas de l’amour, c’était de la passion. Elle pouvait nous détruire, nous le savions et d’une certaine manière, nous acceptions de prendre ce risque. La vérité, c’était que je ne voulais pas être infidèle à Dean mais que j’avais trop besoin de la présence d’Eckart dans ma vie pour prendre le risque de voir Eckart s’en aller si je le privais de mon corps. Je n’étais pas encore certaine qu’il veuille de ma compagnie si le sexe ne faisait plus parti de notre histoire. Je le haïssais de m’obliger à tromper Dean, tout en me traitant d’hypocrite parce qu’Eckart ne m’avait jamais forcé la main. Je préférais seulement croire qu’il ne me laissait pas le choix, plutôt que d’accepter seule la responsabilité de mon infidélité envers Dean. Me convaincre qu’Eckart me forçait la main nous faisait accepter à deux mon immoralité. Car cacher à Dean que je couchais avec un autre homme était tout à fait immoral, j’en avais parfaitement conscience. Pourtant, je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais besoin d’Eckart. Mais plutôt crever que de l’avouer à qui que ce soit.
Une fois entré dans le bar, Eckart se dirigea vers moi. Quand nous nous croisions par hasard dans la semaine, ou quand nous nous retrouvions pour des discussions secrètes, Eckart ne me faisait physiquement pas beaucoup d’effet. Mais quand venait le mardi soir, rien que le voir me donnait des frissons de plaisir. Imaginer ses mains sur moi suffisait à m’exciter et rendait ainsi toute tentative de le repousser, complètement vaine.
Le bar est fermé, soldat Hooper. lui lançais-je pour ne pas mettre la puce à l’oreille des derniers clients qui se levaient pour partir.
Je me retournais de nouveau, convaincue que cette fois je réussirais à le faire partir. Convaincue que cette fois j’aurais la force de résister à tout ce que j’aimais chez lui et qui me…
Messieurs, s’il vous plaît sortez tous, je dois fermer. insistais-je
Il ne resta rapidement plus qu’Eckart et moi dans le bar. A quelques mètres l’un de l’autre, nous nous dévisagions sans un mot.
Mes paupières devenues lourdes, j'aurai certainement eu besoin de fermer l'oeil si je n'étais pas parfaitement conscient de ce qui m'attendait en fin de nuit. J'aurai certainement rejoins ma frangine, à l'habitation, si je ne savais pas ce à quoi je serai confronté en fin de nuit. La soirée ne faisait que commencer et déjà, l'impatience se faisait ressentir. Mes lèvres remuèrent en un sourire parce que le regard qui se portait à ma montre clamait oh combien le temps était un allié. Tous les mardi soir, le même schéma transcandait ma vie lui offrant le soupçon de plaisir sans lequel elle ne valait plus la peine d'être vécue. D'une manière fort agréable, il est vrai. Depuis quand étais-je sous le joug de ce sentiment de dépendance ? Depuis quand avais-je décidé de goûter à c'fruit interdit ? Depuis quand, au juste ? La réponse dure à trouver, je me contentais souvent de penser à autre chose, du moins, je tentais, oui, " tenter " est un verbe exact parce qu'il ne se passait pas une seule seconde sans que je ne me mette à prier pour que les jours s'accèlèrent me permettant ainsi de revoir la lumière dans la pénombre, lanterne (a) indispensable , bouteille d'oxygène de mes soirées de sollitudes extrêmes : Tara Grimm. Chose étrange, nous nous repoussions constamment pour mieux nous attirer. Electrons libres, pareils, un peu trop complémentaires pour cohabiter. Nous jouions coalition lorsque le bar affichait pancarte " closed". Dès lors, nos corps fébriles s'laissaient bouger au rythme d'un ballet extatique. Un sourire vint à nouveau fendre mes lèvres, damn, je ne comprenais pas. Limité sur le plan des histoires de coeur, des histoires de corps, histoires de cul ? Aucune idée, j'étais paumé, j'étais littéralement largué alors, je me laissais faire, emporté par le moove, épave, je continuais à poursuivre le dealer qu'était Tara à mes yeux, je la poursuivais réclamant la dose dont j'étais devenu toxico, addict. Alors ouai, mes mardi soir lui étaient tous dédiés, entièrement âme et corps. Corps et âme et bordel, c'était bon !
Lorsque nous nous croisions, nous n'étions qu'étrangers polymiquant de tout et surtout d'rien. Nos lèvres ne servaient à rien, nous n'exprimions rien, nous n'étions rien aux yeux de l'autre, des "rien" devenus "tout" en fin d'soirée. Merde, la merde dans laquelle je me trouvais pris jusqu'au coup m'enserrait d'son carcan invisible pourtant tangible parce que les confidences remettaient tous en doute. Mes pieds traitres me dirigèrent vers le bar de Kara. Ce bar dans lequel je me maudissais d'être entré l'jour funeste où j'ai recontré Grimm. Je me maudissais, oui et puis, j'y voyais un salut. Allez savoir pourquoi, je me contredisais dans ma façon même de penser. Paradoxal, les particules d'mon être recherchaient désespérement à entrer en contact avec celles de la belle. Tant pis, j'étais persuadé d'y perdre gros, joueur, je misais sans dérailler. Tant pis, 100%. J'étais là et d'jà qu'elle m'attaquait d'un "Le bar est fermé, soldat Hooper". Rrrr, le chien avait planté ses crocs, sans défense je me laissais faire, crachant à qui voulait entendre : « D'jà ? Un verre, Grimm, tu n'vas pas en mourir.» Les regards se tournèrent vers moi, les choses ne plurent pas, la porte tinta une dizaine de fois puis, enchantement : nous restâmes seuls, tels deux felins prêts à s'étriper. Cette chorégraphie inconventionnelle me nourrissait. Régime alimentaire nouveau, à base de coups et de baisers sucrés. Mon regard vint couver son corps, l'air se chargea d'une tension palpable, nos corps se mirent en mouvement. Sauvages, je pris les devants, elle ne semblait pas contre cette idée. Mes lèvres couvrirent son cou , mes mains doucement et avec finesse s’emparèrent de son fessier, une pression dessus me permis de soulever la demoiselle. Telle une lianne, ses jambes vinrent encercler ma taille. Mes mains finirent leur course sur sa nuque tandis que nous échangions un baiser ardant. L'odeur capiteuse de sa peau vint énivrer mes narines. Un coup d'pied m'permis d'ouvrir la porte menant à la réserve. Fuck, la morale, fuck sérieusement. C'était ça : elle, moi & c'mûr sur lequel, je la collais. Elle, moi, cette réserve où nous finissions haletants. Elle, moi, peu importe qu'il y ait eu un Dean ou non, n'est-ce pas ? « J'suis au courant.» soufflai-je, dans un élan de culpabilité.
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Sujet: Re: Nuit torride [HOT - Eckart] Mar 24 Jan - 18:12
Je vis à peine le moment où Eckart passa de « loin de moi » à « contre moi ». Son corps se colla au mien, si vite que je n’eu pas le temps de riposter, de faire semblant d’être outrée ou quoi que ce soit d’autre. Ces lèvres se posèrent sur mon cou et aussitôt, je me sentis faiblir dans ma conviction que cette fois, je le repousserais, par amour ( ?) pour Dean. Ou au moins pour lui être fidèle, autant que je pouvais encore l’être, c’est-à-dire bien peu après ce qui s’était déjà passé avec Eckart. Je savais que si je n’y prenais pas garder, Eckart allait devenir comme une drogue, une véritable addiction. Une chose dont on devrait se passer, dont on sait qu’elle nous détruira et prendre complètement le pas sur le reste de notre vie, mais que l’on ne peut pas laisser parce qu’on n’en a besoin. J’avais besoin d’Eckart Free Hooper. Et en ce moment précis, où il me tenait dans ses bras, me collant à lui, je n’avais besoin de rien d’autre.
Je sus que je ne lui opposerais aucune résistance ce soir là, quand il murmura mon nom à mon oreille. « Grimm ». De sa voix chaude, virile, accentuant la première syllabe, ce «grrrrrr » de chat sauvage heureux, ayant réussi à emprisonner sa proie entre ses pattes. Moi, oiseau éprit de liberté, n’acceptais de me sentir prisonnière que des bras d’Eckart. Il me faisait un effet terrible, ses bras musclés me maintenant serrée contre son corps, me portant jusqu’à la réserve dont il ouvrit et referma la porte du pied. Je sentis mon dos choquer contre le mur, sans ressentir de la douleur, complètement sous l’emprise de ce désir qui montait en moi et me dévorait déjà tout entière. Etait-il possible de désirer autant quelqu’un ?
Eckart n’était pas qu’un plan cul pour moi. Dans la semaine, lors de nos discussions secrètes, nous échangions des points de vue et des idées réellement intéressantes, et nous nous entendions bien sans que notre complicité n’atteigne cependant des sommets. Nous passions des heures agréables à parler, à bavarder tout les deux, à plaisanter et cela sans nous toucher. Nous ne nous frôlions qu’à peine, conscient qu’il en faudrait peu pour nous enlever toute prudence. Mais le mardi soir, c’était différent. Nous parlions à peine et nos corps, malades d’avoir été séparés toute une semaine, se retrouvaient et ne faisaient plus qu’un, alors, aussi longtemps qu’ils le pouvaient. Nous semblions, l’un comme l’autre, avoir un besoin impérieux de l’autre. C’était comme une évidence, en tous cas pour moi, que mon corps avait besoin du sien.
Il me tenait, une main posée à plat contre le mur à côté de mon visage, et l’autre derrière ma nuque pour m’immobiliser. J’aimais sentir sa poigne m’immobiliser contre lui, je me sentais en sécurité, les jambes enroulées autour de sa taille, protégée par sa carrure musclée. Il était à moi. J’étais à lui. Pour quelques heures, ce n’était pas plus compliqué que cela. Sa bouche parcourait mon cou, me faisant frissonner de plaisir et d’impatience. Il avait mené la danse durant les premières minutes de notre étreinte violente, passionnée, c’était à mon tour à présent.
Mais il ne m’en laissa pas l’occasion. Les mots qu’il prononça me firent l’effet d’un coup de poignard, l’inquiétude me gagna. Pourtant, voyant qu’Eckart ne s’arrêtait pas, je n’osais espérer. Il était au courant. Peut-être au courant d’autre chose ? Au courant de… de… Non, il ne pouvait être au courant que de l’existence de Dean. Dean et moi ne nous étions pas cachés. Et les gens commençaient à parler, à nous conseiller de mettre un terme à notre histoire avant qu’il ne soit trop tard. Parce que nous étions trop différents, et que notre écart d’âge, dix ans, était trop important. Tous ces gens ne comprenaient pas que c’était déjà trop tard. Dean et moi étions déjà trop attachés l’un à l’autre pour ne pas souffrir, au moment de la rupture, sans doute inévitable. Et pour bientôt, si Eckart décidait de faire preuve de l’honneur propre aux militaires. Ils étaient soldats tous les deux. Des frères d’armes. Je n’avais pas le droit de me mettre entre eux mais… je ne me sentais pas capable de résister ni à l’un, ni à l’autre.
Refuseriez-vous de me partager, soldat Hooper ? demandais-je d’une voix sensuelle, le vouvoyant comme chaque mardi soir
Eckart avait les cheveux trop courts pour que mes doigts se perdent dedans, mais en me tortillant assez pour que sa tête quitte mon cou, je pouvais prendre son visage entre mes mains. Je le regardais, un bref instant, avant d’approcher ma bouche de la sienne, et après une seconde d’hésitation, j’écrasais mes lèvres contre les siennes, dans un baiser impérieux et autoritaire. Je goutais sa salive, ma langue glissa vers la sienne, pressée de rencontrer celle d’Eckart. Je voulais me fondre en lui. Je voulais que nous ne fassions plus qu’un, que nos cœurs battent au rythme l’un de l’autre.
Alors, Hooper ? Que décidez-vous ? m’enquis-je dans un souffle. Pensez-vous être capable de résister à cela ? ajoutais-je en attrapant sa main qui me tenait par la nuque, pour la guider vers ma poitrine que ses doigts effleurèrent.
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Sujet: Re: Nuit torride [HOT - Eckart] Jeu 26 Jan - 21:18
Avais-je le droit de m'interposer ainsi dans le couple tumultueux que formait Dean & Tara ? Avais-je ne serait-ce que le droit de prétendre à une place dans la vie de la demoiselle ? Ne pas l'obliger à faire un choix parce l'issue était inévitable. Je savais pertinement qu'elle fin aurait notre " relation" ( si je pouvais parler de cette liaison en ce terme). Nous savions seulement, nous tentions de profiter de l'instant présent, au maximum. Laisser ces baisers nous emporter dans un tourbillon chaleureux, emportés contre notre gré comme deux feuilles tombées d'un même arbre de vie. "Feuilles comparables", feuilles parfois même compatibles. Feuilles semblables mais pas "feuilles soeurs" pour autant. Parce que là ou je tirai un certain plaisir, là où je ne voyais qu'une simple complication, je l'imaginai déjà devoir trancher sec entre un homme aimé et...moi. Qui étais-je au final que l'banal élément perturbateur dans le livre de sa vie, de leur vie à deux. Elément perturbateur vaincu en combat loyal par le héros, personnage principal dans son coeur. Y étais-je, moi, dans son coeur ? Parce que - franchise de sortie- elle y était, là, gravée en lettres dorées. Tatouée quelque part où seules celles qui comptaient se trouvaient. Tara Grimm ou comment se damner sans modération. Tara Grimm ou comment avoir peur d'perdre sans confrontation. Ses mots vinrent déchirer mes tympans d'une caresse brutale, la partager ? Etais-ce moi celui qui partagait ou Dean ? Bonne question, éludant son interrogation, je me contentai de poser mes lèvres sur les siennes, remettant à plus tard, une conversation que je ne voulais pas aborder mais que j'avais - vraisembablement- mis sur le tapis. La grenade dégoupillée de mes propres mains n'attendait que d'exploser : encore quelques minutes, me pris-je à penser. Quelques minutes de ce corps à corps, me perdre encore et encore et puis discuter, après, après si la force nous restait. Parler, elle semblait tenir , vouloir m'faire cracher l'morceau, avouer qu'au fond, j'étais gêné, j'étais con et franchement : habitué, pas d'bol, trop tard pour revenir en arrière, j'avais d'jà fait d'elle ma petite extasy personnelle. Tant pis, sérieux, non ? Ma main glissa jouant fébrilement le long de sa cuisse, tâtant là où d'autres auraient été pulvérisées l'coup final, il allait arriver. Résister à quoi ? Au vovoiement sulfureux , à sa poitrine tentatrice...charmeuse d'serpent, cobra improvisé, je me laissais avoir par ses iris plongées dans les miennes c'court instant. « J'aimerai vraiment» soufflai-je, le ton rauque trahissant mon état de servitude. Homme avec un H, je l'étais sur le moment, prêt à laisser mes plus basses envies dicter ma conduite. Animal animé d'une fureur effroyable, je plongeais alors le visage dans cette peau dorée par le soleil avant de pousser un râle, bruit d'fond, fond parasite. Dégoûté de moi même, je décidai alors de m'écarter du joyau interdit, coffre au trésor sur lequel reposait une terrible malédiction. L'air devint si éléctrique, j'eus du mal à respirer. Fleur fânée, elle me regardait perdue. Tête baissée, prêt à vomir une excuse bidon, je restais interdit. « Je me sens coupable ...». Lisible dans son regard, l'effarement, le soulagement , tout un imbroglio d'sentiment. C'était elle, c'était moi. Elle, moi deux petits cons dans une réserve en train de copuler, deux petits cons dans une réserve à ne plus se reconnaitre parce que c'vrai, était-ce digne de moi, de nous ?« C'parce que je ne peux pas résister à ça que j'suis là, à mordre dans une viande qui n'est pas la mienne » ça n'était pas un manque de respect, je ne savais tout bonnement pas comment exprimer c'qui m'arrachait les tripes. Elle, elle m'arrachait les tripes.« Je ne sais plus ce que j'veux, Tara. »
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Sujet: Re: Nuit torride [HOT - Eckart] Sam 28 Jan - 13:53
Sentir le désespoir d’Eckart, son incertitude qui faisait écho à la mienne, était une douleur insoutenable pour moi. Pour nous deux. Je me sentais coupable, coupable de lui infliger pareil traitement, coupable vis-à-vis de Dean, coupable vis-à-vis de moi-même, de cette Tara douce et gentille que j’aurais voulu être mais que je n’étais pas et ne serais certainement jamais. J’avais grandi dans un bar de Détroit, j’avais vu passé des centaines de gars noyé dans l’alcool pour oublier une fille qui leur avait fait mal. Je m’étais promis, à chaque fois, de ne jamais être l’une de ses femmes qui poussent un homme bien à devenir un homme perdu. Un homme désespéré au point d’en devenir mauvais envers lui-même et les autres.
Lorsqu’Eckart caressait ma cuisse de ses doigts brûlants de désir, et qu’il m’embrassa avec la force du condamné à mort ayant droit à une dernière cigarette, je ne pouvais plus douter de la passion dont je me consumais pour lui. Une passion qui nous détruirait tout les deux, mais que nous devions assouvir. A tout prix. Et quel prix ! J’allais perdre Dean et Eckart perdrait le sommeil, rongé par la culpabilité d’avoir trahi un frère. Nous irions tous les deux brûler en Enfer. Eckart n’osait même plus me regarder dans les yeux lorsqu’il parla, exprimant sa douleur face à une décision qu’il ne pouvait pas prendre. Il m’aimait ? Non, je ne pouvais pas croire une chose pareille. Mais il ressentait pour moi la même passion, le même impérieux besoin que je ressentais pour lui. Deux êtres perdus dans le désert, à la recherche désespérée d’une oasis de tranquillité.
Je posais mon front tout contre celui d’Eckart, collant mon corps tremblant au sien. Je n’étais pas certaine de ce que je faisais, ni de ce que j’allais lui dire. Je savais seulement que mes paumes tremblaient lorsqu’elles se posèrent de chaque côté de son visage, tandis que ma respiration devenait plus ardue. La vérité, c’est que j’avais attendu et redouté toute la semaine que vienne se mardi soir, ce moment où nous nous retrouverions tous les trois : Eckart, notre passion dévorante et moi.
Doit-on vraiment décider ce soir ? murmurais-je
Je ne savais plus trop ce que je disais.
Je ne sais pas ce que je ressens pour Dean, je ne sais pas ce que j’attends de lui. Tout ce que je sais, quand je suis avec toi, c’est que je ne veux que toi.
Le vouvoiement appartenait à nos petits jeux de séduction, pas à nos conversations sincères et douloureuses. Je sentais ma gorge se serrer, une petite boule se former au creux de mon ventre. L’angoisse, la peur de perdre Eckart.
J’ai envie de toi ! m’étranglais-je. Eckart… j’ai besoin de… de toi.
Je collais mes lèvres aux siennes, caressant son visage comme pour m’assurer que c’était bien ses traits sous mes doigts, que c’était bien lui, cette homme que je désirais tout de suite, maintenant, avec force.
Dis-moi que tu as besoin de moi, s’il te plaît… suppliais-je, amante terrorisée à l’idée d’être délaissée. Une unique larme roula sur ma joue et termina sa cours au coin de ma bouche. Je t’en prie Eckart, dis-moi que je ne suis pas la seule à ressentir cela. Dis-moi que je ne suis pas la seule à avoir mal quand on doit faire semblant de s’ignorer pour ne pas attirer l’attention sur nous. Dis-moi que ce que je ressens pour toi, tu le ressens aussi pour moi. Dis-moi que si je peux réussir à oublier l’existence de Dean, les quelques heures où nous sommes ensembles, tu le peux aussi.
Des mots durs sortaient de ma gorge sans que je ne cherche à les retenir. La douleur me rendait complètement folle. La folie me faisait dire des atrocités sur Dean, comme le fait que nous devions l’oublier le temps de nos ébats. Je voulais me convaincre que je n’y pouvais rien, que j’étais attirée par Eckart d’une manière qui dépassait ma seule volonté, d’une façon que je ne pouvais pas contrôler. Mais cela aurait été mentir. Me mentir.
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Nuit torride [HOT - Eckart]
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