Elle ne savait pas ce qu'il se passait, mais quelque chose la rendait malheureuse. Peut-être ce sentiment continuel de ne pas avancer. Taylor observait les gens autour d'elle, assise sur un banc, elle les connaissait tous, et tous avait vu leur vie changer. Un amour trouvé, un bébé venant agrandir la famille, un travail épanouissant. Mais Taylor ne faisait pas partie de ces personnes là. Elle était venue à Terra Nova juste pour échapper à la pauvreté de 2149, pour cela elle avait épousé un homme qui la dégoutait, uniquement car il avait eu la chance de gagner à la loterie.

Il était mort depuis quelques temps déjà. Taylor avait pensé que dès qu'elle serait enfin seule, elle arriverait à trouver quelque chose qui l'a passionnerait, qui lui donnerait envie de se lever le matin. Ce jour n'était pas arrivé. Même si elle aimait beaucoup son travail en tant que cuisinière pour la colonie, elle ne se voyait pas "juste" faire ça durant toute sa vie.

Elle voulait accomplir de grande chose, vivre des aventures que personne d'autre ne vivrait jamais. Ce qu'elle voulait surtout c'était ne plus être seule. Les gens faisaient tout un plat de "l'amour", la vraie magie que contient notre terre. Mais elle ne savait pas s'il était bon d'y croire, elle avait 26 ans et jamais elle n'avait réellement éprouvé le moindre sentiment pour quelqu'un. C'était surement mieux ainsi, certaines personnes ne sont pas faite pour ça, comme certaines personnes ne sont pas faites pour vivre la vie de famille et d'autres pour travailler.

Se levant péniblement du banc, elle regarda l'heure, remarquant que l'on était à peine dans le début d'après midi. Elle avait envie de bouger, de faire quelque chose de complètement dingue, oui, elle avait envie de traverser les frontière de la colonie pour aller explorer un peu plus cette jungle interminable.

Ca serait seulement la deuxième fois qu'elle le ferait. La première, elle n'avait pas été bien loin, partir à pied était quasiment impossible et bien trop dangereux, et elle n'avait pas réussit à se trouver une voiture. Aujourd'hui ça allait être différent, elle savait qu'un grand sourire et un petit mensonge seraient suffisant pour qu'Arthur lui prête sa voiture. En fait, elle n'aurait même pas à lui donner une raison, il était déjà complètement sous son charme.

Rah. Putain. Non, mais sérieux. Elle était complètement barge. La chef avait pété une durite où quoi ? Elle, elle avait le droit d'envoyer qui elle voulait dans ces prairies qui faisaient vomir tellement on aurait dit qu'elles étaient là pour de bons sentiments. On aurait pu penser (et c'était le cas) qu'elles étaient là seulement pour que des amoureux batifolent, pour qu'ils couchent ensemble comme de braves et sombres connards. Adonis était assez négatif, il détestait tellement toutes ces bêtises d'amoureux transits. Qu'il se casse d'ici très riche et vite... Il devait obéir aux ordres, surtout, ne pas se faire repérer et faire croire que la cause que les Sixers partageaient tous était la sienne également. Se fondre dans la masse était la meilleure solution pour arriver à ses fins de digne salopard. Il était un trafiquant, un type sans aucune morale, plus encore que les Sixers. Ces types n'avaient pas de morale mais au moins, ils se battaient pour l'idéal qu'ils voyaient en l'Organisation.

Adonis savait que c'était le seul moyen de pouvoir vivre en l'an 2149 et cela dans des conditions d'une extrême bonté. Regarder crever le monde ne le dérangerait pas, il en était certain, tant qu'il pourrait vivre sous son dôme à regarder le monde perdre les pédales, il serait bien, il serait idéalement bien, le cul vissé à une chaise devant une géante verrière, à mirer les horreurs d'un monde pollué. Il adorait les gens, une fois qu'ils étaient morts ou lorsqu'ils voulaient manger de bons fruits et légumes comme avant, alors ceux qui consommaient étaient les bienvenus. Il avait pris sa bagnole de service, un Sonic Riffle (on est jamais trop prudent) et de quoi manger, surtout de quoi manger. Il devait aller faire une reconnaissance, vérifier que l'ennemi n'était pas proche. Toutes façons, si l'ennemi se pointait, il ne reviendrait pas. Ce serait assez visible comme signal, nan ? Peut-être pas enfin de compte, c'était peut-être rien pour l'autre grognasse de la kommandantur du camp.

Il se baladait toujours avec d'autres armes, il ne se séparait jamais de sa marchandise, ça intéresserait peut-être Kordsmeier d'avoir des armes de l'ancienne époque, peut-être qu'il trouverait bien d'avoir des anciens flingues. Ca pouvait toujours servir quand ces merdes de Sonic tomberaient en panne.

Comme Taylor l'avait prévu, il ne lui fallut pas beaucoup d'arguments pour convaincre le jeune homme de lui prêter son véhicule. Elle devait soit disant partir cueillir quelques herbes d'urgence pour le repas du soir. Si Arthur avait eu un peu plus de jugeote, il aurait vite remarquer qu'elle ne devait pas travailler ce soir là. Mais non, la jeune femme avait pu partir en paix, elle n'avait pas rencontré le moindre soucis.

La jungle était gigantesque, on ne remarquait vraiment sa beauté qu'une fois à l'intérieur. Taylor n'était pas vraiment le genre "très nature", elle se qu'elle adorait dans la vie c'était le sport, son maquillage, sa cuisine et son corps. Son univers tournait complètement autour d'elle. Le pire était surement qu'elle le savait et qu'elle en était fière. La jolie brune ne faisait confiance qu'à elle même et forcement, on ne peut réellement se décevoir soi-même.

Taylor s'amusait comme une folle, elle prenait des virages serrées, accélérait puis freinait brusquement. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas conduit, elle y prenait à nouveau goût. En 2149, elle avait fait de nombreux accidents, le plus souvent sous l'abus de l'alcool mais aussi sous la colère. Elle avait du mal à se contenir quand quelque chose l'énervait, il lui était donc impossible de se concentrer.

Elle roulait depuis longtemps lorsqu'elle décida brusquement de s'arrêter. Elle sortit gracieusement du véhicule tout en restant prudente, mais il n'y avait ni bruit étrange ni bête féroce en vu. La jeune femme commença à avancer en quête d'un endroit paisible. C'est à peine quelques mètres plus loin qu'elle le dénicha. Une prairie verdoyant, lieu idéal pour un pique-nique. Elle marcha et puis s'installa, un sandwich dans les mains, une bouteille d'eau dans l'autre. Taylor n'avait pas prévenu Savannah sa colocataire qu'elle ne rentrerait pas ce soir, elles habitaient ensemble mais se voyaient beaucoup moins ces derniers temps. Chassant toutes les pensées qui pouvaient encombrer son esprit, elle profita du beau temps.

L'air frais lui faisait un bien fou, elle n'avait jamais connu d'endroit aussi calme...Jusqu'à ce qu'on connard se pointe. Le bruit du moteur fit sursauter la jeune femme. Elle n'avait nul part ou se cacher, évidemment elle se trouvait dans une putain de prairie !