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Il y a des fois où on a l'impression d'atteindre le point de non-retour. Il y a des fois où toute forme de rationalité disparaît au profil de la folie pure. Il y a des fois où l'Enfer nous ouvre grand ses bras pour qu'on s'y perde dedans, chose que finalement, nous acceptons avec la plus grande joie. Oui. Je me perdais de plus en plus dans la noirceur de mon esprit si malade. Plus de scrupules. Plus de chagrin. Plus d'impuissance. Plus rien. Oui plus rien, à part l'appel du sang et du sacrifice. J’étais arrivé à un point où quand la douleur devenait trop insupportable, j’en venais à la transformer en haine. Une haine farouche qui me donnait des ailes. C’était le seul truc que j’avais trouvé pour ne pas me laisser emprisonner par la peine. C’est bien connu, il nous est plus facile de tout casser plutôt qu’essayer de recoller les morceaux. Alors je casserais. Je casserais tout pour pouvoir encore tenir debout. Je le casserais en petit morceau, de la même manière qu’il m’a cassé. 

Cinq ans dans cette jungle préhistorique peuvent rendre fou le plus sain des hommes. Alors imaginez ce que cela a pu être pour un homme aussi torturé que moi. Cinq ans durant lesquelles seule la haine que j'éprouvais pour mon père me tenait encore en vie. Et pourtant, je ne l'ai pas toujours haï, vous savez. Il fut un temps où il représentait tout ce que j'admirais, le modèle que je voulais suivre. Un temps où une femme nous reliait, sa femme, ma mère. Et puis subitement, on nous la enleva. Ce jour là, ce n'est pas une vie qui fut brisée, mais bel et bien trois. Le bonheur familial n'est plus qu'un passé révolu qui nous hante tous les deux. Liés par un sang que nous ne reconnaissant plus, chacun est devenu le pire cauchemar de l'autre. Un père et un fils qui se livrent farouchement bataille dans deux camps opposés, c'est digne d'une pièce dramatique grecque, n'est ce pas ?C'est pourtant notre quotidien depuis des années. Depuis que j'ai décidé de ne plus faire face à son regard accusateur et hautain. Et pourtant, Dieu seul sait combien j'ai essayé. J'ai essayé mais il y a des fois où certains actes ne peuvent pas être effacés ou même excusés. Il me tenait responsable de sa mort, tout simplement parce que si je n'étais pas né, elle serait encore vie et il n'aurait pas eu à choisir entre son fils et sa femme. Mais d'un autre côté, je lui en voulais aussi. De m'avoir sauvé moi et non elle. Irrationnel, n'est ce pas ? Un sentiment que j'avais développé au fil des années, en partie alimenter par sa haine hypocrite. J'en suis arrivé au stade où j'avais réellement eu envie de mourir pour la ramener à la vie. Le jour de sa mort, dans ce camps morbide en Somalie, nos deux vies ont été changés à jamais. Nos destins n'ont fait que se lier un peu plus, relier par ce fil rempli de colère, de désespoir, de haine et surtout de destruction. La famille que nous avions été un jour, a disparu entre les mains de ma défunte mère.

Et puis Terra Nova entra dans le jeu, un projet utopique qui a été bien vite mis sur pied. Et à votre avis, qui a-t-on choisi pour superviser le tout ? En plein dans le mille, il s'agit bel et bien du Colonel Nathanaël Kordsmeier. Sa renommée a toujours été l'une des choses que je détestais chez lui. Tout comme tous les autres enfants aux parents extraordinaires, l'héritage que semblait me léguer mon père, pesait déjà trop lourd sur mes faibles épaules d'ado. Un nom célèbre et respecté qui ne pouvait que me mettre la pression, concernant mon avenir. Car quoique je veuille faire, je savais que chacune de mes actions serait révélée aux yeux de tous. Mais heureusement pour mon père, j'étais moi aussi un être sortant de l'ordinaire. Un génie digne de ce nom, se fait déjà remarqué pour ses résultats exemplaires et ses recherches fructueuses. Et comme mon père, je fus bientôt courtisé par le monde entier, surtout par les plus riches. C'est comme ça que je fus contacté par une mystérieuse Organisation, aux gros moyens financiers. Ils voulaient qu'une fois arrivé sur Terra Nova, que je les aide à exploiter les ressources de cette nouvelle Terre Promise. En échange bien sûr, je devenais riche, quelqu'un de très riche et surtout de très puissant. Il ne me fallut pas plus deux minutes pour y réfléchir, j'acceptais presque sur le champs. Bien sûr que j'ai pensé à mon Père... mais j'ai réalisé pour de bon qu'il n'était plus un facteur important dans ma vie. Nous n'avions pas du tout les même valeurs, il était plus que temps que je me détache de tout ce qu'il représentait. Ce qu'il appellera plus tard une trahison, n'était plus ou moins qu'une volonté d'émancipation à son égard. Mais ça bien sûr, il n'en avait rien faire. Le grand Commandant n'avait strictement rien à foutre de son fils, et il me le démontra plus que bien.

J'ai commencé à travailler sur le façon dont je pouvais ouvrir le portail dans les deux sens. Un travail bien crucial sans lequel l'Organisation ne pouvait rien faire. Leur but? Dépouiller chaque centimètre de richesse de Terra Nova pour le ramener dans le futur; que voulez vous, certains ne pouvaient pas se contenter de vivre sur une Terre saine. Mais malheureusement, il a fallu que le Commandant Kordsmeier s'en mêle. Ayant découvert mon petit secret, celui-ci ne se fit pas prier pour réduire en poussière des mois de travaux en seulement quelques minutes et quelques coups de pieds bien calculés. Sa majesté le Roi de cette nouvelle Terre, ne voulait tout simplement pas redescendre de son trône.


L O A D I N G . . .