La vie en 2149 n'était pas de tout repos. Née dans ce monde morcellé par les erreurs de l'homme, par chance au sein d'une famille qui m'apporta amour et tendresse, je n'ai jamais été très attachée à ce qui m'entourait, autrefois. Petite cadette six ans après la naissance de mon frère, Ludwin, j'ai toujours été protégée dans ce nid familial rempli de tendresse. Mes parents étaient un couple de militaires engagés dans les para commando. L'un comme l'autre partaient souvent en mission, si bien que moi et Ludwin étions souvent pris en charge par notre grand père, un militaire retraité depuis quelques années.


"Némésis, que fais-tu?"murmurait souvent la voix feutrée de mon papy alors que je palpai du bout de mes doigts un vieil arc à flèches que j'avais trouvé dans l'un des coffres du grenier du vieil homme. J'avais pour habitude de venir trifouiller dans les souvenirs de mon grand père, curieuse et fascinée par son passé jonché d'action. Tout comme mon frère, je nourrissai l'ambition de reprendre le flambeau familial en devenant militaire une fois que j'aurai l'âge recquis, mais en attendant, je m'exerçai à devenir le parfait petit soldat, sous l'oeil amusé de ma famille. Ludwin et moi jouions souvent à des jeux de survie, dont l'idée venait tout droit de mon père. Affectueux mais prudent, papa et maman nous donnaient toujours des conseils, des trucs et astuces, des petits cours propre à leurs métiers. Bref, tout ce qui nous serait utile dans un proche avenir. Ludwin et moi avons toujours été très soudés. Lui prétendait me protéger alors que je savais parfaitement bien me défendre toute seule. Oui bon, je sais, je suis une fille, mais je réussis à lui faire ravaler sa langue de machiste lorsque papa me fit prendre des cours de kun fung et que je parvins à l'étaler par terre. Notre famille est une adepte des arts martiaux.

Mais j'étais souvent une petite fille imprudente, trop portée sur le danger et trop curieuse. Cet attrait me fit défaut l'année de mes 8 ans, en faisant une petite escapade nocturne dans la ville. J'aimais ce sentiment de volubilité, ressentir ces frissons me grignoter l'âme quand je m'évertuai à me promener le soir, à écoutant les méli mélo de la ville à moitié endormie. Mais ce soir là, je faillis perdre la vie, lorsqu'un véhicule me heurta de plein fouet. Un mois d'hospitalisation, 6 mois de rééducation, on peut dire que j'en pris pour mon grade. Je n'en conservis qu'une cicatrice longeant tout mon mollet, mais aucunes séquelles par chance!

Les années passèrent et entre les absences fréquentes de mes parents, moi qui fut inscrite à une école sous la tutelle de l'armée américaine et Ludwin était en apprentissage de sa formation de militaire, tout semblait bien se passer...

Mais un jour, alors que nos parents étaient en congé spécial, papa est revenu un soir, tout chamboulé. Depuis quelques jours, j'avais remarqué un soupçon d'inquiétude dans le regard de mes parents, mais aussi de Ludwin qui venait de finir sa formation. Maman n'était pas là... J'étais encore jeune à l'époque, mais je connaissais suffisamment les vices du métier qu'exerçait mes parents pour comprendre qu'il s'était passé quelque chose au boulot. Quant à savoir quoi...

"Nous allons sur Terra Nova"

Voilà ce que notre père nous avez subitement lâché, à moi et à mon frère, alors que nous attendions dans le salon. Ces simples mots suffirent à faire comprendre à moi et à Ludwin que nous ne reverrions point notre mère. C'était "eux", encore une fois. J'avais quelques fois entendu mes parents et Ludwin parler de ces gens hauts placés qui avaient déjà proposés aux trois de se rendre sur Terra Nova, sous le commandement d'un...enfin, je n'ai pas très bien retenu de qui il s'agissait.

Mère n'était plus et visiblement, j'étais le moyen de pression que ces gens avaient utilisés pour faire céder les deux hommes. Mais contrairement à ce que ces gens de la haute hiérarchie envisageaient, père et frère me prirent avec eux, droit vers Terra Nova, moi caché dans l'un de leur sac grâce à ma petite taille. Cela paraissait irréalisable et dangereux, mais nous aboutîmes sur cette terre d'exil, tous les trois.

Mais la joie fut de courte durée.
Quand les autres membres du groupe Sixers me découvrirnet, une altercation violente dissocia notre père du reste du groupe. Une querelle qui finit mal, puisque mon père reçut une balle en plein coeur. Je n'aurai su vous dire l'ordre de mes pensées lorsque j'ai vu mon père s'écrouler par terre. Ludwin m'avait attiré avec lui dans les broussailles et une folle course poursuite s'organisa entre nous et les Sixers avant qu'ils ne finissent par perdre notre trace. Ce jour là, j'étais perdue dans les abysses, noyée sous le chagrin et l'incompréhension. Mère...ensuite père. A qui le tour prochain? De ce jour jusqu'à aujourd'hui, Ludwin et moi avons vécu dans la jungle, à mettre ce terrain hostile à notre profit, à vivre cachés des Sixers, mais aussi des gens de Terra Nova. Ludwin ne faisait pas confiance à ces soldats et m'a plusieurs fois reproché mon imprudence d'aller jeter un coup d'oeil de plus près à cette petite communauté. L'absence de fréquentations humaines me rends nostaligique et la curiosité m'amène à me rendre souvent près des barrières de la petite ville protégée par une armada de soldats, mais je ne me suis jamais sentie aussi libre et vivante que depuis que je suis sur ces terres pures et lavées des erreurs de l'homme.

Au fil des années à se défendre des prédateurs de la jungle, je me suis évertuée à manier au mieux mon arc à flèche ainsi que le maniement des poignards et des lances et ce, grâce à mon frère. La jungle est devenu notre foyer, notre maison.