Les matinées s’enchainaient et finissaient par se ressembler. On ramenait chaque jour le rapport d’une nouvelle attaque des Sixers. Un véhicule pillé par-ci, des hommes blessés par-là. Ces bandits ne s’arrêtaient jamais et chaque fois qu’un officier passait le seuil de son bureau, le Commandant s’attendait au pire. Heureusement, aujourd’hui, tout semblait plutôt calme et il pouvait finir de régler les problèmes de la veille. Alors qu’il jetait un coup d’œil a son calendrier, il se rappela que le septième festival des récoltes approchait à grand pas et qu’il était grand temps de commencer à tout planifier. Le spectacle des enfants, les banquets, les feux d’artifice. Il s’agissait de l’une des seules fêtes durant laquelle les habitants de la colonie pouvaient réellement s’amuser sans risquer quoi que ce soit. Elle se devait donc d’être parfaite. C’était le moment que tout le monde attendait. Elle représentait beaucoup pour la colonie, le jour où l’on avait franchi le portail vers ce nouveau monde pour la première fois.

Nathanaël resta pensif un instant, repensant a tout ce qu’il s’était passé depuis qu’il avait foulé le sol du Crétacé. Autrefois, c’était un symbole de renaissance et d’espoir mais tant d’évènements étaient venus perturber la paix de Terra Nova. Des catastrophes sans nom, des épidémies, des attaques. Le mois dernier s’était organisée une marche au champ mémorial de la colonie pour honorer toutes les personnes décédées lors de la fameuse attaque de carnotaures, au mois de mars. Chaque année, il fallait leur rendre hommage. Le discours du commandant était toujours attendu par les familles des victimes qui se sentaient réconforter de voir qu’on ne les oubliait pas. Nathanaël n’oubliait jamais personne. Il connaissait tout le monde ici et chaque perte l’affectait personnellement. C’était pour lui un échec dans sa volonté d’offrir un nouveau départ à tout à chacun. Il gardait toujours bien précieusement dans un des tiroirs de sa commode les listes des habitants. Bien qu’il les réactualise souvent en raison des différents pèlerinages, il en conservait encore quelques anciennes. A coté de certains noms figurait une croix et une date écrite en tout petit et à coté d’autres, un simple point d’interrogation qui voulait tout et rien dire à la fois.

Il avait passé du temps a toujours vouloir mettre la main sur les corps des victimes pour leur faire une sépulture honorable mais dans le cas des attaques de dinosaures… Retrouver quelqu’un s’avérait plus dur et pratiquement improbable. Ces bestioles étaient carnivores et n’attaquaient pas par pur plaisir, comme les hommes ont tendance à le faire parfois…

Le commandant fut soudainement bousculé dans ses pensées lorsqu’il entendit que l’on s’agitait à la porte de son bureau. Il releva la tête de toute sa paperasse pour observer ce qu’il s’y passait. Quelqu’un semblait visiblement vouloir rentrer et le sergent interrogea comme a son habitude le visiteur sur la raison de sa venue. Apparut alors le soldat Anderson, un brave homme, recruté lors du quatrième pèlerinage. Il s’avança à l’intérieur du bureau et s’annonça comme tout membre de l’armée :

« Commandant ! »

Kordsmeier referma son dossier, appuya ses mains sur la vitre de son bureau et se leva de son fauteuil pour accueillir sa venue, avant de répondre.

« Soldat Anderson, qu’est-ce qui vous amène ? Je vous écoute. »

La voix fatiguée et tremblante du commandant indiquait tout naturellement qu’il craignait encore que l’on ne vienne lui annoncer une mauvaise nouvelle concernant les Sixers. Et la précipitation de Dean ne faisait que renforcer son impression…

Il fallait le dire, le Commandant craignait encore le pire. Alors que ses doigts s’entrelaçaient, tremblants de nervosité, il poussa un léger soupir de soulagement lorsqu’il entendit les paroles du soldat.

« Rien de grave, je vous rassure commandant. »

Nathanaël croisa les bras, affichant un petit sourire en attendant que soldat Anderson lui explique la raison de sa venue. Quelle nouvelle pouvait donc être si importante pour qu’il soit si pressé et impatient pour lui annoncer ? A sa grande surprise, il sortit sa tablette pour afficher une photo afin de lui exposer clairement la situation dont il allait lui parler.

Le commandant appuya ses mains sur son bureau, penché au dessus de la tablette pour observer ce dont il retournait. Il s’agissait visiblement d’une photo datant de quelques années. Il pouvait le reconnaitre rien qu’au décor. Si quelqu’un connaissait parfaitement l’évolution de la colonie, c’était bien lui. Au centre du cliché, se trouvaient plusieurs soldats prenant la pose avant de partir en mission. Et au milieu d’entre eux, il y avait le médecin. Docteur Jones. Celui qui lui avait sauvé la vie a plusieurs reprises lors de certaines expéditions. Il était un homme de confiance sur lequel le Commandant comptait énormément. Il n’aurait peut-être plus été la depuis longtemps si Raphaël n’avait pas été si compétent. Il lui devait beaucoup. Il se souvenait que malgré toutes les recherches organisées afin de retrouver les survivants de la dernière attaque de carnotaures, il avait été impossible de retrouver des rescapés. Jones avait été emporté avec eux. Son corps n’avait jamais été découvert. Ce fut une dure période et un triste jour pour la colonie entière. Nathanaël s’en voulu beaucoup de ne pas avoir pu le retrouver, lui et son épouse, elle aussi disparue.

Il leva alors la tête vers le soldat pour écouter ce qu’il avait à dire et surtout, savoir ce que cette photo avait d’aussi pertinent pour qu’il la lui montre. Le soldat Anderson lui expliqua toute l’histoire, en commençant par son expédition.

« Vous vous souvenez de Raphaël Jones, n'est-ce pas? Un brillant médecin militaire qui a disparu depuis l'attaque des carnotaures contre la colonie il y a quatre ans... Et bien, il a survécu! Et plutôt bien d'ailleurs! »

Le Commandant resta muet un instant, secoué par la nouvelle. Il était figé, ne comprenant pas très bien la situation. Si c’était une blague, elle était de très mauvais gout. Comment avait-il pu survivre sans que l’on en soit informé ? Des patrouilles avaient sillonné la zone pendant des semaines sans trouver la moindre trace des portés disparus. S’il avait réussi à s’enfuir, sa mort n’aurait été que reportée. Vivre seul dans la jungle était dangereux, bien souvent fatal. Ce n’était question que de quelques jours avant de se faire faucher la nuit suivante par un maudit Slasher. Kordsmeier fronça les sourcils et questionna le soldat pour comprendre.

« Que voulez-vous dire Anderson ? Vous avez retrouvé son corps entier ? »

Le soldat s’appliqua alors à tout lui raconter dans les moindres détails, sa reprise de connaissance dans le nid, sa fuite et surtout le décès de Sarah, sa femme. Le front du commandant resta crispé, écoutant attentivement ce qu’Anderson avait découvert. Kordsmeier déglutissait avec peine, ne parvenant pas à croire qu’après tout ce temps, il puisse être encore en vie et surtout… Pourquoi, diable, n’était-il pas revenu avec Anderson à la colonie ? C’était pour lui inconcevable que l’on veuille rester une minute de plus dans cet enfer qu’était la forêt du Crétacé. Mais le soldat, hardiment revenu de mission, mit fin a son questionnement.

« Et bien disons que quatre ans dans la jungle vous changent un homme et qu'il n'est pas très emballé par le fait de rejoindre la colonie pour y vivre à nouveau... Il aura sans doute besoin d'un peu de temps avant de songer à revenir! D'ailleurs il m'a demandé de garder le fait qu'il était encore en vie pour moi et que vous en soyez le seul informé... »

Le commandant plissa les yeux mais restait silencieux, rejetant de temps à autre des petits coups d’œil sur la tablette qu’il tenait entre les mains. Bien qu’il ait beaucoup d’estime pour le jeune médecin, il ne pouvait s’empêcher de trouver son comportement tres étrange. Et même s’il avait une confiance aveugle en lui, il restait tout de même méfiant quant à cette mystérieuse réapparition. Cela n’aurait pas été la première fois que les Sixers ne kidnappent des pèlerins en dehors des portes. Plusieurs personnes atteintes de la fièvre syncillique s’étaient réfugiées dans leur camp pour trouver un remède et avaient fini par rejoindre leur rang. N’était-ce pas l’exemple type de ce que l’on appelé le Syndrome de Stockholm, selon lequel les otages finissaient par éprouver de la sympathie envers leur ravisseur ? Ou alors, il aurait tout aussi bien pu être amené, sous la menace des sixers, à se montrer pour tendre un piège. Le fait qu’il ait voulu que le commandant en soit le seul informé le laissait pantois. Etait-ce une ruse pour m’amener à se rendre seul à sa rencontre et ainsi se faire prendre dans une embuscade ?

Kordsmeier soupira, se trouvant peut-être un peu trop suspicieux. Il était en réalité tres content, mais hésitait à le montrer de peur de se donner de faux espoirs. Il afficha alors un léger sourire et tenta alors d’en savoir plus en questionnant davantage le soldat qui disait l’avoir vu. Toutefois, il ne lui confierait pas ses suspicions, il se contenta de lui demander des choses plutôt ordinaires.

« Vous devez surement me trouver peu démonstratif mais je peux vous assurer que cette nouvelle me ravie. C’est la seule bonne nouvelle depuis bien longtemps. C’est du bon travail, soldat. Mais je me doute bien qu’il aura du mal à reprendre une vie normale après tout cela, si longtemps coupé de la civilisation, n’est-ce-pas… Dites-moi, comment vous paraissait-il ? Bien portant ? Possédait-il des armes ? Je serai curieux de voir dans quel état il se trouve. »

En attendant la réponse du soldat, le commandant scruta sa tablette en ajoutant :

« Avez-vous bien mémorisé sa position ? Vous a-t-il donné un nouveau point de rendez-vous ? »

Un truc chiant, c'est un communicateur qui se lance alors que vous essayez justement de ne pas vous faire repérer par un carnos. J'allais tuer Dean, réellement. Heureusement pour moi, ils était de l'autre côté de la rivière et donc, le temps qu'ils réagissent, j'aurais le temps de fuir. Ce que je fis d'ailleurs. M'enfonçant clairement dans la jungle avant de me trouver un lieu calme et de répondre enfin.

— Tu veux concrètement ma mort ?

Il m'informa alors que le commandant nous écoutait et je fus brutalement stressé. Pourquoi ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais les fait était là. Le commandant était au bout du fil et moi… Je ne savais pas vraiment quoi dire sur l'instant.

— Commandant, euh… Joyeuse pâque ?! Plus sérieusement, je vous écoute ?

Alors le coup de la vanne de bienvenue, j'aurais pu la retenir, mais bon c'était un peu dans ma nature que d'avoir un humour pourri. J'allais reprendre réellement plus sérieusement lorsqu'un grognement un peu inquiétant et surtout très, très proche. Voir trop proche. Je soufflais alors quelques choses dans le communicateur.

— Deux secondes.

Surement plus. Mais, c'était pour le principe. La raison de mon inquiétude n'était pas grand chose, juste un raptor à côté de moi qui semblait très intéressé par ma discussion. Lâchant un juron, je me dérobé à lui avant de tirer. Je n'aimais pas ça, mais là, c'était le seul moyen. Décharge sonique, prédateur sonné, il était l'heure de prendre ses jambes à son cou et de se barrer le plus loin et haut possible. Et surtout de rejoindre le camp, la nuit n'était plus très loin et je n'étais pas sur d'être pleinement attentif pour passer une nuit dehors.

— À l'avenir, contacte moi le soir, ça ne m'évitera pas des merdes avec les Sixers, mais au moins je n'aurais pas un dino au cul… Excusez mon langage commandant.

À présent dans les arbres, je me déplaçais en marchant sur les branches. Plus assuré que sur terre, et surtout un bon moyen de rejoindre mon campement. J'allais tuer Dean, vraiment…

Le Commandant restait attentif à ce que son soldat lui décrivait. La moindre petite chose pouvait lui mettre la puce à l’oreille concernant la fidélité de Raphael envers la colonie. Anderson l’informa donc de sa condition physique, qui ne semblait pas être si mal que ça. Cela satisfaisait le Commandant qui fit un signe d’approbation. Mais le soldat enchaina bien vite sur les armes. Le Docteur Jones semblait en posséder beaucoup. Curieux pour quelqu’un qui fut pourchassé par des Carnos et poussé à vivre dans la jungle, coupé du monde. Qu’il ait un Sonic, cela ne l’étonnait guère, pratiquement tout le corps militaire en avait un personnel. Il aurait pu l’avoir sur lui le jour de la tragédie. Mais les autres armes, où les avait-il trouvés ? Son front se crispé au fur et à mesure que le soldat lui exposait la situation. Kordsmeier ne pouvait s’empêcher des doutes quant a cette soudaine rencontre, qui pourrait très bien ne pas être le fruit que d’un simple hasard et ne souhaitait pas se risquer à aller le rencontrer seul…
Alors qu’il gardait les yeux plissés, réfléchissant à tout cela, Anderson attira de nouveau son attention.

« Et j'ai mieux qu'un point de rendez-vous, je lui ai laissé une radio… Vous pourrez ainsi vous rendre compte pas vous même de son état mental et lui poser vos questions… »

Le commandant leva les yeux vers lui, affichant un sourire d’approbation. Il avait eu le bon réflexe et Kordsmeier se réjouissait d’avoir des hommes aussi compétents au sein de son équipe. D’un naturel impatient et désireux de mettre toute cette affaire au clair, il s’adressa au soldat.

« Bon travail. Qu’attendez-vous donc alors ? Contactez le, soldat ! »

Anxieux, il observa Anderson régler la fréquence du communicateur et appeler celui du Docteur Jones. Avec de banals talkies-walkies comme ceux que possédaient les civils, le Commandant aurait pu savoir le périmètre dans lequel il se trouvait mais les communicateurs de l’armée étaient bien plus puissants et couvraient une zone bien trop large pour connaitre précisément la zone. Il attendait alors que Raphaël réponde à l’appel. Ce qu’il fit alors, en commençant par une curieuse question. Peut-être était-il en danger en ce moment même ? Toujours est-il que Nathanaël reconnaissait sa voix. Il se gratta la barbe, en se posant pleins de questions.

« Salut... J'avais pas peur que tu ne répondes pas! Kordsmeier est avec nous sur la ligne...Enfin le commandant Kordsmeier. » continua le soldat, s’adressant au communicateur.

Le Commandant lança un regard noir au soldat, et secoua la tête, finalement amusé. Il se saisit du communicateur d’un geste assuré et l’amena près de son visage. Il hésita quelques secondes et finalement se lança.

« Ici le Commandant Kordsmeier. Docteur Jones, vous êtes la ? »

Quelques secondes plus tard, la voix de Raphaël résonna enfin.

« Commandant, euh… Joyeuse pâque ?! Plus sérieusement, je vous écoute ? »

Le commandant afficha un mince sourire, heureux d’entendre le Docteur à nouveau. Mais alors qu’il s’apprêtait a lui parler, le miraculé de l’attaque lui demanda de patienter deux secondes. Il lança un regard interrogateur au soldat, qui se tenait toujours à ses côtés avant de répondre, intrigué et curieux de savoir ce qu’il se passait.

« Que se passe-t-il Jones ? Est-ce que tout va bien ? »

De curieux sons ressortirent du communicateur. Les identifier était difficile, à travers le communicateur, ils ressemblaient à de gros grésillements. Une chose était sure, le Docteur était en mouvement et son déplacement influait sur la fréquence. Quelques minutes plus tard, le calme revint enfin aux oreilles du Commandant et Raphaël s’adressa à eux de nouveau.

« À l'avenir, contacte moi le soir, ça ne m'évitera pas des merdes avec les Sixers, mais au moins je n'aurais pas un dino au cul… Excusez mon langage commandant. »

Nathanaël reporta son regard sur Anderson, mais avec l’air hagard. Il pensait d’un coup à des tas des choses. Raphaël avait bel et bien été en contact avec les Sixers, mais ne semblait pas plus que ca les porter dans son cœur. Toutefois, il aurait aimé que les espions qu’il avait parmi eux l’en informent s’ils l’avaient aperçu. Le commandant revint à lui et parla au communicateur.

« Hum…Ce n’est pas grave. Bon sang Jones, vous avez toujours eu le chic pour vous fourrer dans des ennuis. Êtes-vous en sécurité à présent ? Ou vous trouvez-vous actuellement ? »

Être dans un arbre, l'équilibre fragile d'une branche, de plusieurs branches. Une situation très casse gueule, mais la chute n'était pas possible. Si elle ne serait pas mortelle, ce qui m'attendait en bas si. Je m'excusais donc de mon langage avant d'attendre que le commandant reparle. Il me dit alors que j'avais toujours eu le chic pour me fourrer dans des ennuis pas possibles. Il s'assura alors de ma sécurité avant de demander ma position.

— À croire que j'aime ça ! Médecin de terrain c'était pas assez risqué, j'ai du trouvé mieux.

Je rigolais bien évidemment, j'essayais juste de détendre l'atmosphère. De rassurer tout le monde. C'était dans mon état d'esprit de toujours être positif.

— Être en sécurité… c'est subjectif en pleine jungle mon Commandant. Je suis actuellement à quatre mètre du sol environ en direction de mon campement Commandant.

Essayant de me repérer pour lui donner le plus de détail possible, je repris la parole, espérant que Dean puisse aider le commandant à me localiser grâce à cela.

— Je n'ai toutefois aucune idée de mes positions, je me dirige vers le nord-ouest. Je dois être à trente minutes de marche du lieu où le soldat Anderson m'a trouvé, ce qui doit faire dans les une heure si je continue d'emprunter les voies aériennes.

M'avançant prudemment sur les branches, je me devais de rentrer au plus vite chez moi. La nuit, même les arbres étaient dangereux. Et marcher dessus était totalement utopique. Je me permis alors de les informer de quelques choses. Quelque chose qui pourrait leurs éviter de reproduire les schémas d'avant. Comme par exemple, l'attaque des Carnos il y a quatre ans. Une information importante qu'ils ne pourraient découvrir que trop tard. L'avantage d'avoir un point avancé.

— Un sacré groupe de Carnos remonte la rivière, ce qui me fait penser que les gros calibres commencent à s'approcher des côtes, donc de Terra Nova.

Soufflant alors contre le communicateur, je posais une question au commandant. Une question dont je connaissais la réponse.

— On va pas se mentir plus longtemps... Commandant Kordsmeier, vous pensez que je dois ma survie au Sixers et que j'ai rejoinds leurs rangs ? Je me trompe ?

Une réapparition un peu brutale, trop brutale même. Il était normal qu'il est des doutes. J'en aurais aussi. Et si je ne me connaissais pas autant, je penserais la même chose. Beaucoup de chose allait contre moi, j'en avais conscience. À lui de juger si oui ou non j'étais réellement capable de le trahir. À lui de voir s'il connaissait assez ses hommes pour leurs accorder le bénéfice du doute.

Entendre de nouveau la voix du médecin rendait le commandant rêveur et perplexe. Il écoutait toutefois Jones avec beaucoup d’attention et ne manquait aucun détail. Il le savait courageux et téméraire mais ne pouvait s’empêcher de craindre pour sa vie de nouveau. Kordsmeier avait perdu Jones une fois, il comptait faire en sorte que cela n’arrive plus.

— Je n'ai toutefois aucune idée de mes positions, je me dirige vers le nord-ouest. Je dois être à trente minutes de marche du lieu où le soldat Anderson m'a trouvé, ce qui doit faire dans les une heure si je continue d'emprunter les voies aériennes.

Le Commandant se retourna alors vers le soldat Anderson qui n’avait pas attendu une seconde pour se saisir de son plexpad et lui montrer la position enregistrée. Nathanaël regarda la tablette et la zone rouge qui entourait un point sur la carte. Il fit un signe de la tête au soldat et lui retendit sa tablette. Il reprit son communicateur et s’adressa au médecin :

« Nous avons votre position Jones, vous devez être à une bonne soixantaine de kilomètres. Il me semble que nous avons un poste non loin de la. »

Le Commandant hésitait à l’inciter à rejoindre un des postes extérieurs de la colonie, en attendant. Il y serait plus en sécurité sans pour autant être réellement au sein de la colonie. Mais il savait que Jones voulait garder le secret pour le moment et têtu comme il l’était, il n’aurait jamais accepté. Kordsmeier se décida finalement à ne pas insister sur la présence de ce poste a proximité.

— Un sacré groupe de Carnos remonte la rivière, ce qui me fait penser que les gros calibres commencent à s'approcher des côtes, donc de Terra Nova.

Le Commandant fronça les sourcils. Il détestait ces créatures, surtout lorsqu’elles s’approchaient de la communauté. Il y avait des travailleurs à l’extérieur aujourd’hui, pour enterrer de nouveau les câbles de communication qui menaient au large périmètre B et a ses subdivisions. Kordsmeier ne pouvait pas laisser ces ouvriers et les militaires qui les encadraient dehors à la merci de ces monstres. Il se retourna vers Anderson, et le visage inquiet, il indiqua d’un signe de la main au soldat qu’il fallait donner l’ordre d’évacuer tout ce périmètre et que tout le monde devait immédiatement rentrer.

Le soldat s’exécuta et communiqua aux patrouilles extérieures et aux postes de sécurité de la colonie les ordres de rapatriement. Le Commandant reprit le communicateur et avant qu’il n’ait pu remercier le docteur pour l’information qu’il leur avait donnée, Jones prit la parole.

— On va pas se mentir plus longtemps... Commandant Kordsmeier, vous pensez que je dois ma survie au Sixers et que j'ai rejoinds leurs rangs ? Je me trompe ?

Le Commandant fit un sourire un peu crispé et baissa la tête avant de se reprendre et de répondre honnêtement au médecin. Il ne pouvait lui cacher sa crainte quant à la sécurité de la colonie. Elle avait tellement souffert de traitrises, de disparitions, de morts, qu’il ne pouvait leur infliger une autre peine.

« Vous avez raison. Soyons honnêtes. Vous savez que ce n’est rien de personnel, docteur. Je vous aime bien et j’ai confiance en vous, mais je n’ai pas confiance en les autres qui vivent dans cette jungle et qui menacent notre colonie. Je sais que dans ces conditions, n’importe qui aurait pu accepter leur aide, quel qu’en soit le prix malheureusement. Je ne vous blâmerai pas si cela était le cas, j’aimerai juste que l’on me le dise honnêtement. Il me semble inutile de faire une fausse joie aux habitants de la colonie si vous avez décidé de vous ranger vers le camp ennemi. Quoi qu’il en soit, je respecterai votre choix, Jones. Si vous me dites que vous n’avez rien à voir avec eux, je vous croirai alors sur parole. »

Le Commandant se retourna vers la porte et vit le soldat revenir, en l’informant que les mesures nécessaires pour le rapatriement des troupes avaient été prises. Il approuva d’un signe de la tête, rassuré. Le soldat Anderson prit alors la parole.

« Que diriez-vous de vous rencontrer pour parler de tout cela de vive voix? Peut-être en terrain neutre? Commandant, on pourrait tout à fait trouver un terrain "neutre" pour ce faire et cela évitera que nos conversations puissent être interceptées par des Sixers ou leurs espions.. On ne sait jamais… »

Nathanaël réfléchit un instant et acquiesça, en répondant.

« Bon reflexe, soldat. Ces bandes ne sont peut-être pas suffisamment sécurisées. Je vous propose un rendez-vous dans les Badlands. C’est une zone inoccupée, il n’y a rien. Les Sixers ne s’y rendent jamais et nous n’avons aucun poste de surveillance là-bas. Rien d’autre que la nature. »

Le commandant et Dean semblaient avoir localisée ma position, me révélant par la même occasion que je me situais à une soixantaine de kilomètres de la colonie. Le commanda ajouta alors que je ne devais pas être loin d'un poste de surveillance et je reconnue la un égarement plutôt qu'une demande de retour. Je poursuivis donc en l'informant de la remonter inquiétante des carnivores et il y eut comme un silence. Sans aucun doute des ordres ou autre. Lorsque j'entendis à nouveau la respiration du commandant, je me permis une réflexion. Je savais très bien qu'il doutait plus ou moins de se retour miracle. C'était trop beau si puis-je dire. Anormal même. Il y eut un nouveau silence, temps de réflexion sans aucun doute.

Sa voix raisonna alors à nouveau dans l'espace et il me dit que j'avais raison. Cela n'avait rien de personnel, il m'aimait bien, mais il n'avait pas confiance dans les autres. Il imaginait que les conditions de vie devait-être tel qu'une aide extérieur serait sans aucun doute symbole d'espoir. Il voulait ainsi que je sois honnête. Il ne pourrait me blâmer si jamais j'avais rejoints le camp ennemie, mais il voulait des réponses. Il ne voulait pas annoncer une nouvelle qui pourrait passer de bonne à désagréable. Il respecterait moi choix et surtout me croirait si je venais à lui dire quoique ce soit. Le commandant avait le mérite d'être claire, il voulait juste une réponse. Quelqu'une soit. Seule la réponse comptait.

— En toute franchise, j'ai soigné nombre d'en eux. Je suis médecin, c'est mon devoir d'apporter mon aide à quiconque. J'ai prêté serment et je ne retournerais pas ma veste par simple désaccord. Je suis du partie qu'il faut-être sur un pieds d'égalité pour pouvoir régler ses comptes. Or, un homme blessé n'est pas en mesure de se défendre et surtout d'expliquer correctement ses choix. Ce point étant éclairci, j'ai peut-être soigné des Sixters, mais je l'ai fait avec un couteau sous la gorge. Si je me sais juste et assez respectueux de la vie pour l'honorer, il n'avait pas la même vision de ma personne.

Marquant une pause, j'évitais une branche avant de reprendre.

— Mais il y a une différence entre mes actes et mes pensées. Je me suis engagé à soigner les soldat de Terra Nova, je suis venu ici pour l'espoir d'une renaissance, croyez moi Commandant… Les Sixters ne sont pas porteur d'espoir à mes yeux.

Ou comment répondre à une question et de prouver une loyauté. Dean reprit alors la parole en nous conseillant de nous retrouver sur un terrain neutre. Le commanda accueillit la proposition avec conviction avant de proposer les Badlands comme lieu de rendez-vous.

— Je n'y vois aucune objection, si vous pouviez toutefois mes donner la position géographie… Histoire de ne pas me planter de direction.

Il ne manquerait plus que cela, que je me perde une fois de plus. J'avais appris à trouver le nord et à trouver les autres position géographique uniquement grâce à la faune, mais sans indication je ne pouvais pas faire grand chose.